Libye: dangereuse escalade impliquant la Grèce et la Turquie

Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, aux côtés de son homologue chypriote, Nikos Christodoulides, le 22 décembre 2019 à l'aéroport de Larnaca (Chypre).

Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, aux côtés de son homologue chypriote, Nikos Christodoulides, le 22 décembre 2019 à l'aéroport de Larnaca (Chypre). . Yiannis Kourtoglou, Reuters

Le 25/12/2019 à 12h13, mis à jour le 25/12/2019 à 12h30

On assiste à une dangereuse escalade dans le conflit libyen, laquelle implique la Grèce et La Turquie qui ne cachent plus leur soutien respectif pour le gouvernement de Tobrouk et celui d'entente nationale de Tripoli.

Le chef de la diplomatie grecque Nikos Dendias a effectué dimanche une visite éclair à Benghazi, fief du maréchal Khalifa Haftar, dans l'est libyen, sur fond de tensions après la signature d'un accord maritime entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli.

Le gouvernement libyen d'union (GNA), basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l'ONU, a récemment multiplié les signes d'un renforcement de la coopération avec Ankara, une démarche condamnée par Athènes.

Dans ce contexte, M. Dendias s'est entretenu en matinée à l'aéroport de Benghazi avec deux responsables des autorités parallèles de l'est de la Libye, un pouvoir rival de celui du GNA: le chef de ce gouvernement, Abdallah Al-Thini, et son ministre des Affaires étrangères, Abdulhadi Al-Houeij. Il a ensuite directement redécollé à bord de son avion, selon un photographe de l'AFP sur place.

Cet entretien a notamment porté sur l'accord controversé de délimitation maritime signé fin novembre par Ankara et Tripoli, a indiqué M. Al-Houeij.Le gouvernement basé dans l'est libyen ne reconnait pas la légitimité de son rival, le GNA de Fayez al-Sarraj. Ce dernier fait face depuis avril à une offensive du maréchal Haftar sur la capitale libyenne.L'accord signé par le GNA et Ankara constitue, selon Athènes, une "violation du droit maritime international et des droits souverains de la Grèce et d'autres pays".Il permet à Ankara d'étendre ses frontières maritimes dans une zone de Méditerranée orientale où d'importants gisements d'hydrocarbures ont été découverts ces dernières années.La Grèce a appelé le 10 décembre les Nations unies à condamner cet accord qu'elle a qualifié de "perturbateur" pour la paix et la stabilité dans la région.Un accord militaire controversé a par ailleurs été conclu entre Ankara et le GNA, ouvrant la voie à une implication militaire turque accrue en Libye.

Les forces du maréchal Haftar accusent déjà la Turquie de fournir des armes et des conseillers militaires à leurs rivales du GNA. En juin, elles avaient menacé de s'en prendre aux intérêts turcs en Libye.Jeudi dernier, le GNA a indiqué avoir voté la "mise en oeuvre" de l'accord de coopération militaire conclu fin novembre avec Ankara.Samedi soir, les forces pro-Haftar ont elles annoncé avoir saisi un cargo turc battant pavillon de la Grenade au large de l'est de la Libye, pour procéder à sa fouille.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 25/12/2019 à 12h13, mis à jour le 25/12/2019 à 12h30