Après 9 ans de discussions et 4 rounds de négociations initiés par les Etats-Unis pour arriver à un accord, les négociateurs égyptiens et éthiopiens se sont séparés le jeudi 9 janvier à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, sur un échec.
Pourtant, en novembre dernier, les deux pays et le Soudan s’étaient donné jusqu’au 15 janvier pour parvenir à un accord et avaient annoncé en décembre dernier avoir enregistré des progrès significatifs donnant l’espoir à un accord lors de la réunion du jeudi dernier.
Les parties en question ont examiné plusieurs questions, notamment celle cruciale du remplissage du réservoir du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) ainsi que le débit annuel du fleuve. «Nous avons convergé sur de nombreux points. Cependant, nous n’avons pu finaliser notre accord», a souligné le ministre éthiopien de l’Eau, Seleshi Bekele.
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Il explique en outre que l’Egypte a soumis une nouvelle proposition portant sur un remplissage du réservoir du barrage sur une période allant jusqu’à 21 ans, jugeant que celle-ci est inacceptable. Son homologue égyptien préférant expliquer que les discussions ont apporté de la «clarté».
Après cet échec, les ministres des Affaires étrangères des trois pays doivent se retrouver le 13 janvier au département du Trésor américain à Washington. Avec la médiation américaine, les parties pourront arrondir les angles et trouver un terrain d’entente.
On parle aussi de la possibilité que les trois pays se mettent d’accord sur l’aide d’un médiateur. A défaut, le dossier devrait être traité au plus haut niveau par les chefs d’Etat des trois pays.
Au cœur du différend égypto-éthiopien, la durée du remplissage du réservoir géant de 74 milliards de mètres cubes du barrage de la Renaissance.
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Si l’Egypte souligne avoir fait des concessions en acceptant la présence du barrage tout en exigeant un cadre de gestion concerté et des garanties sur son approvisionnement avec un minimum annuel de 40 milliards de mètres cubes, au lieu de 55 milliards de mètres cubes, l’Ethiopie est restée un peu moins transparente sur les aspects techniques du barrage et poursuit les travaux afin de mettre l’Egypte devant un fait accompli.
D’ailleurs, le gouvernement éthiopien annonce sa volonté de faire fonctionner les premières turbines du géant barrage dès la fin de l’année 2020 avant d’atteindre une capacité opérationnelle complète en 2022.
Or, pour y arriver, l’Ethiopie devra remplir l’immense réservoir du barrage pour faire fonctionner les turbines qui vont fournir de l’électricité. Ce qui pourrait se traduire inéluctablement par une baisse significative du débit du Nil sachant que le Nil Bleu, qui prend sa source en Ethiopie, fournit 84% des eaux du Nil. C’est dire que le Nil est vital pour l’Egypte.
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Le Nil fournit en effet 97% des besoins en eau de l’Egypte et ses rives abritent 95% des quelque 100 millions d’habitants du pays. Et le Caire estime avoir des «droits historiques» sur le Nil, garantis par les traités de 1929 et 1959.
Mais avec ce barrage qui a coûté plus de 4 milliards de dollars et qui pourra produire jusqu’à 6.400 MW, l'Ethiopie, pays qui affiche la plus forte croissance moyenne du PIB du continent au cours de la décennie écoulée, souhaite faire face aux besoins énergétique de sa population et de ses industries. A peine 50% de la population éthiopienne ont accès à l’électricité, alors que le pays ambitionne un accès total de sa population à l’électricité en 2025.