Barrage de la Renaissance: Washington s'interpose dans le différend Egypto-éthiopienne

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Le 23/10/2019 à 19h12, mis à jour le 23/10/2019 à 19h12

L’Egypte a accepté une rencontre ministérielle avec le Soudan et l’Ethiopie à Washington au sujet du barrage sur le Nil susceptible d’entraver l’approvisionnement en eau côté égyptien, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Caire a annoncé mardi dans un communiqué avoir accepté “immédiatement” une invitation américaine pour une rencontre entre les ministres égyptien, soudanais et éthiopien des Affaires étrangères afin de “débloquer l’impasse” dans les négociations à propos du grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil Bleu, en Ethiopie.

Contacté par l’AFP mercredi, le ministère n’a pas répondu dans l’immédiat au sujet des modalités et du calendrier de cette possible rencontre.

L’Egypte craint que la construction du GERD, entamée en 2012 par l’Ethiopie, n’entraîne une réduction du débit du fleuve, dont elle dépend à 90% pour son approvisionnement en eau.

Début octobre, des négociations à Khartoum entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie avaient abouti à une “impasse”, selon le Caire.

Depuis, l’Egypte cherche à obtenir une médiation internationale. Mais la diplomatie éthiopienne rejette la médiation, la qualifiant de “déni injustifié des progrès” réalisés pendant les négociations.

Mardi, la tension a monté d’un cran lorsque le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a déclaré que “la guerre ne peut pas être une solution et ne nous aidera pas”, avant d’ajouter: “aucune force ne peut empêcher l’Ethiopie de construire le barrage”.

La “négociation”, meilleure solution

“Un quart de la population est pauvre et jeune, donc nous pourrions en mobiliser des millions s’il le faut”, a-t-il lancé devant le Parlement éthiopien, tout en assurant que la “négociation” serait la meilleure solution.

Le Caire a réagi mardi en qualifiant les déclarations de Abiy d’“insinuations inacceptables”. Les négociations entre les trois pays sont bloquées depuis neuf ans.

Le Nil est le plus long fleuve du monde et sert d’artère vitale en Afrique de l’Est pour les 10 pays qu’il traverse.

Le Nil Bleu, qui prend sa source en Ethiopie, rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l’Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée.

Le GERD est censé devenir la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique, avec une production de 6.000 mégawatts.

L’Ethiopie a annoncé que le gigantesque barrage de quatre milliards de dollars devrait commencer à produire de l‘électricité d’ici fin 2020 et serait complètement opérationnel d’ici 2022.

L’Egypte demande un minimum annuel garanti de 40 milliards de m3 -ce à quoi l’Ethiopie n’a pas donné son accord- et évoque un “droit historique” sur le fleuve, garanti par une série de traités.

Des analystes estiment que l’absence d’accord entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte pourrait susciter un conflit entre les trois pays avec de graves conséquences humanitaires.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 23/10/2019 à 19h12, mis à jour le 23/10/2019 à 19h12