Libye. Violation de l'embargo: Ankara prise en flagrant délit

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Le 31/01/2020 à 11h04, mis à jour le 31/01/2020 à 11h09

Le porte-avions français Charles de Gaulle a repéré mercredi, au large des côtes libyennes, une frégate turque escortant un cargo qui acheminait des véhicules blindés de transport de troupes à destination de Tripoli, en violation de l’embargo de l’ONU, selon une source militaire française.

Le cargo Bana, battant pavillon libanais, a fait escale dans le port de Tripoli, selon le renseignement récolté par le bâtiment français déployé en Méditerranée, a précisé cette source. Selon le site Marine Traffic, le cargo croisait jeudi après-midi au large de la Sicile.

En révélant cette livraison d‘équipements militaires, la France enfonce encore le clou, après avoir dénoncé la veille, par la voix de son président Emmanuel Macron, l’envoi “en ce moment même” de navires turcs transportant des mercenaires syriens en Libye, en soutien du Gouvernement d’union nationale libyen (GNA) de Tripoli.

“Nous voyons ces derniers jours des navires turcs accompagner des mercenaires syriens arrivant sur le sol libyen”, avait affirmé le président Macron, “en contravention explicite avec ce que le président Erdogan s‘était engagé à faire lors de la conférence de Berlin”.

Les participants à cette conférence internationale sur la Libye, le 19 janvier, s‘étaient notamment engagés à cesser les livraisons d’armes et à s’abstenir de toute ingérence dans les affaires libyennes et de tout acte susceptible d’exacerber le conflit.

Embargo violé par les protagonistes

Fait remarqué par les experts, le président français a en revanche passé sous silence les ingérences des Emirats et de l’Egypte, également accusés par l’ONU de violer l’embargo sur les armes, cette fois au profit du camp de l’homme fort de l’est libyen, le maréchal Khalifa Haftar.

“Ce n’est un secret pour personne que ce pays (la France) accorde un soutien inconditionnel à Haftar en échange d’un droit de regard sur les ressources naturelles de la Libye”, a rétorqué jeudi le ministère turc des Affaires étrangères.

Jeudi, l‘émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a dénoncé devant le Conseil de sécurité les violations continues des engagements pris à Berlin par la communauté internationale pour arrêter les ingérences et les livraisons d’armes aux belligérants.

“Toutes ces manœuvres pour ravitailler les deux parties menacent de précipiter une nouvelle conflagration bien plus dangereuse. Elles violent l’esprit et la lettre de la Conférence de Berlin”, a souligné l‘émissaire.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 31/01/2020 à 11h04, mis à jour le 31/01/2020 à 11h09