Les violences dans les régions anglophones ont poussé près de 8.000 Camerounais à fuir vers le Nigeria en deux semaines, «ce qui porte la population réfugiée originaire du Cameroun à près de 60.000 personnes dans ce pays», indique le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), dans un communiqué publié hier, jeudi 13 février 2020, sur son site Internet.
Ce tout dernier afflux s’est produit juste avant les élections législatives et municipales du 9 février dernier au Cameroun, alors que les habitants fuyaient la poursuite des violences entre les forces de sécurité et des groupes armés, selon le HCR.
Les séparatistes avaient interdit aux habitants de ces régions de se rendre dans les bureaux de vote dimanche dernier, les menaçant de représailles s’ils allaient voter.
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«Les réfugiés ont déclaré avoir fui la violence et certains sont même arrivés de l’autre côté de la frontière avec des blessures par balle. Selon les nouveaux arrivants, la plupart sont originaires de régions proches de la frontière et ont traversé à pied la savane et les forêts pour rejoindre le Nigeria», rapporte l’agence onusienne.
Certains d’entre eux sont actuellement logés dans les locaux d’écoles publiques ou d’établissements de santé, tandis que d’autres vivent en communauté.
Les 51.000 réfugiés arrivés précédemment et déjà enregistrés sont dispersés dans 87 communautés d’accueil dans les États d’Akwa-Ibom, de Benue, de Cross River et de Taraba, apprend-on.
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La nourriture, le logement et l’assistance sanitaire demeurent des «préoccupations urgentes» pour les nouveaux arrivants, déclare le HCR, qui note également que cet exode vers le Nigeria fait suite à une hausse des déplacements internes au Cameroun dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, observée durant le dernier trimestre 2019.
Selon les estimations des Nations Unies, plus de 679.000 personnes sont actuellement déplacées dans le pays du fait du conflit qui ravage la partie anglophone depuis fin octobre 2016.
Toutefois, ce chiffre est contesté par le gouvernement camerounais. «A ce jour, le Cameroun compte 152.000 déplacés internes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et environ 6.000 à 9.000 déplacés internes dans les autres régions: Ouest, Littoral, Centre et Adamaoua dans une certaine mesure», avait déclaré en décembre dernier, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji.