Propos polémiques d’Emmanuel Macron: le Cameroun et la France veulent tourner la page

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Le 06/03/2020 à 07h16, mis à jour le 06/03/2020 à 07h19

Le chef de l’Etat camerounais a reçu en audience le jeudi 5 mars, l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, occasion pour les deux parties de réaffirmer l’excellence des relations entre Yaoundé et Paris. Une rencontre qui intervient après les propos polémiques d’Emmanuel Macron.

Le Cameroun et la France veulent définitivement oublier la tension née entre les deux pays, après les propos tenus par le président français Emmanuel Macron au sujet de son homologue camerounais Paul Biya le 22 février dernier au Salon de l’agriculture de Paris.

Pour rappel, dans une vidéo très partagée sur les réseaux sociaux, le président français, Emmanuel Macron, qui a été interpellé par un activiste camerounais, a indiqué avoir «mis la pression» sur son homologue camerounais, Paul Biya, afin qu’il traite le sujet de la zone anglophone et ses opposants. Une sortie qui a fortement indigné les Camerounais. 

Depuis, les deux dirigeants essayent d'arrondir les angles. L’audience accordée ce jeudi 5 mars 2020 par le chef de l’Etat à l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, était l’occasion pour les deux parties de «réaffirmer l’excellence des relations entre Yaoundé et Paris», affirme la présidence de la République camerounaise sur son site Internet.

Au sortir du tête-à-tête avec le président, le diplomate français a déclaré que cette audience s’inscrit d’une part, dans le cadre des «rapports étroits» et des «contacts continus» entre les deux pays et, d’autre part, qu’elle est le prolongement des échanges qu’ont eus les deux chefs de l’Etat lors de leur entretien téléphonique dimanche dernier.

Emmanuel Macron et Paul Biya s’étaient notamment «accordés sur la nécessité d’une enquête impartiale en réaction aux violences commises contre des populations civiles dans le village de Ngarbuh» le 14 février dernier dans la région du Nord-Ouest.

Selon l’ONU, au moins 23 personnes, dont 15 enfants et deux femmes enceintes, ont été tuées au cours de cette attaque attribuée à l’armée camerounaise. Ce que dément le gouvernement, qui parle de 5 civils tués (une femme et quatre enfants), morts dans l’incendie provoqué par l’explosion de conteneurs de carburants lors des échanges de tirs entre les militaires et des «terroristes».

Cette «tragédie» était au cœur de l’audience avec le chef de l’Etat, notamment «l’identification des responsabilités pour comprendre ce qui s’est passé et pour prendre des sanctions contre les auteurs de ces attaques», a confié le diplomate français, pour qui la situation dans les régions anglophone «reste préoccupante».

Au menu des échanges également, l’évolution de la situation politique au Cameroun après les élections législatives et municipales du 9 février 2020, ainsi que le renforcement des relations bilatérales et les préparatifs du prochain sommet France-Afrique prévu du 4 au 6 juin prochain à Bordeaux. Insistant sur les «relations étroites et confiantes» entre le Cameroun et la France, Christophe Guilhou a, pour finir, affirmé que les deux pays doivent se dire «la vérité», car «c’est le propre des amis».

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 06/03/2020 à 07h16, mis à jour le 06/03/2020 à 07h19