Cameroun. Coronavirus: le gouvernement refuse le confinement généralisé de la population

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Le 26/03/2020 à 08h15, mis à jour le 26/03/2020 à 08h55

Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, écarte, pour le moment, l'idée d'un confinement de la population, alors que le pays a déjà recensé 72 cas positifs au Covid-19, dont un décès. Toutefois, les contrevenants aux mesures restrictives précédemment prises seront désormais sanctionnés.

A l’issue d’une réunion interministérielle le mardi 24 mars 2020 afin d’évaluer les mesures restrictives prises une semaine plus tôt dans le cadre de la lutte contre le coronavirus (COVID-19), le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a tenu à dissiper une rumeur abondamment partagée sur les réseaux sociaux ces derniers jours au Cameroun.

«Aucune décision de confinement total ou partiel de la population n’a été prescrite par le chef de l’État», a déclaré le chef du gouvernement, dans une déclaration à la télévision publique.

«Au demeurant, il est indispensable de limiter les rassemblements ainsi que les déplacements non essentiels, et de respecter les consignes déjà édictées afin d’éviter que la propagation du virus conduise à une plus grande restriction des activités utiles à notre vie quotidienne», a-t-il ajouté.

Sur les réseaux sociaux, des messages évoquaient un confinement de Yaoundé, la capitale, Douala, la métropole économique et Bafoussam, la capitale régionale de l’Ouest, qui constituent pour l’heure les trois principaux foyers de l’épidémie.

Des habitants avaient du reste commencé à se précipiter dans les diverses places marchandes afin de faire des réserves d’aliments et de produits de première nécessité.

L’annonce a surpris une partie de la population, alors que d’autres pays africains touchés par la pandémie ont pris des mesures radicales. Ainsi par exemple, le président sud-africain a ordonné, lundi, un confinement total tandis que le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont proclamé l’état d'urgence assorti d’un couvre-feu.

En une semaine (entre le 17 et le 24 mars 2020), le nombre de cas positifs au coronavirus est passé de 10 à 66 dans le pays avant d'atteindre 72 le mecredi 25 mars.

Le Cameroun a par ailleurs enregistré son premier décès des suites du COVID-19. Lucide, le Premier ministre a fait le constat que les mesures prises jusqu’ici n'ont que très peu été respectées par les habitants.

Notamment, la fermeture des bars et lieux de loisirs dès 18h, l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, l’interdiction des surcharges dans les transports publics, la régulation des flux de consommateurs dans les marchés, etc. Des actes d’indiscipline, d’insouciance voire d’inconscience de certaines personnes qui se mettent en danger avec leur entourage, et qui pourraient contribuer fortement à l’expansion du coronavirus au Cameroun.

Aussi, le chef du gouvernement a-t-il haussé le ton pour les jours à venir. «Les mesures de restriction qui ont été prises le 17 mars dernier, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de riposte contre le coronavirus, seront désormais appliquées avec la plus grande rigueur et les contrevenants seront sanctionnés.

A titre de rappel, l’article 260 du Code pénal punit d’un emprisonnement de trois (03) mois à trois (03) ans celui qui, par sa conduite, facilite la transmission d’une maladie contagieuse et dangereuse», prévient Joseph Dion Ngute. Le Premier ministre indique par ailleurs que, dans cette optique, les autorités administratives et municipales, ainsi que les forces de maintien de l’ordre, ont été instruites de renforcer les contrôles.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 26/03/2020 à 08h15, mis à jour le 26/03/2020 à 08h55