Barrage sur le Nil: le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed se félicite du remplissage "historique"

Abiy Ahmed, Premier ministre de l'Ethiopie.

Abiy Ahmed, Premier ministre de l'Ethiopie.. DR

Le 22/07/2020 à 16h17, mis à jour le 23/07/2020 à 14h54

Le Premier ministre éthiopien a qualifié d'"historique", mercredi 22 juillet, le remplissage, au niveau prévu pour la première année, du réservoir du barrage géant construit sur le Nil par son pays et qui est source de vives tensions avec l'Égypte et le Soudan, ses voisins situés en aval.

"La fin de la première phase de remplissage est un moment historique qui témoigne de l'engagement des Éthiopiens en faveur de la renaissance de notre pays", a déclaré M. Abiy, prix Nobel de la Paix 2019, dans un communiqué lu à la télévision d'État.

L'Ethiopie avait annoncé mardi que le réservoir s'était rempli, sous l'effet des pluies saisonnières, au niveau attendu pour la première année. Suffisamment d'eau s'est accumulée pour pouvoir tester les deux premières turbines, une étape cruciale pour que le barrage puisse commencer à produire de l'énergie.

"Le fait que nous ayons atteint cette étape clé par nos propres efforts quand personne d'autre ne croyait en notre capacité à mener à bien de telles initiatives rend ce moment encore plus historique", a insisté M. Abiy.

Appelé à devenir la plus grande installation hydroélectrique d'Afrique, le Grand barrage de la Renaissance (GERD), construit sur le Nil Bleu (qui rejoint au Soudan le Nil Blanc pour former le Nil), est une source de fortes tensions avec l'Egypte depuis 2011.

L'Ethiopie estime que le GERD est essentiel pour son développement économique, alors que l'Égypte -dont l'irrigation et l'eau potable dépendent à 90% du Nil- le considère comme une menace vitale. Le Soudan partage les mêmes inquiétudes.

"Nous avons accompli le remplissage du barrage sans causer de tort à qui que ce soit", a affirmé mercredi M. Abiy.

Addis Abeba avait plusieurs fois annoncé qu'elle entendait débuter les opérations de remplissage du réservoir en juillet, à une date non spécifiée, en plein cœur de la saison des pluies.

L'Egypte et le Soudan réclamaient pour leur part qu'un accord global sur le barrage -et notamment la manière dont il est géré- soit conclu avant que le remplissage ne débute.

L'annonce de mardi est intervenue à l'issue d'une nouvelle réunion virtuelle entre les trois pays, sous l'égide de l'Union africaine (UA), qui n'a pas permis de trouver d'accord.

Les dirigeants des trois pays ont indiqué qu'ils avaient convenu lors de cette réunion de continuer les discussions techniques sur le remplissage du réservoir, sans qu'il soit possible de savoir si des avancées ont eu lieu.

Dans un communiqué mercredi, le ministère égyptien des Affaires étrangères a insisté sur la "nécessité de parvenir à un accord légalement contraignant sur les règles du remplissage et la gestion du barrage de la Renaissance", qui inclurait "un mécanisme légalement contraignant de résolution des conflits". L'Éthiopie a toujours rejeté cette dernière notion.

M. Abiy a indiqué mercredi vouloir que le barrage soit pleinement opérationnel début 2023.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 22/07/2020 à 16h17, mis à jour le 23/07/2020 à 14h54