L’Ethiopie a-t-elle entamé le remplissage du réservoir de son immense barrage de la Renaissance de 74 milliards de mètres cubes, comme l’avait annoncé son Premier ministre Abiy Ahmed devant le Parlement, et ce, sans l’accord de ses partenaires en aval, le Soudan et surtout l’Egypte?
Selon les Egyptiens, qui se basent sur des images satellitaires, le réservoir du géant barrage montre les signes d’un début de remplissage. Une situation qui viendrait confirmer que les dirigeants éthiopiens ont suivi leur calendrier: ils avaient annoncé mi-juillet comme date du début du remplissage du réservoir.
Seulement, depuis cette annonce, la tension est montée d’un cran entre l’Ethiopie et l’Egypte, pays situé en aval et qui craint une forte baisse du début du fleuve Nil avec des conséquences néfastes sur son agriculture, son industrie et son approvisionnement en eau sachant que 97% des ressources hydriques d’Egypte proviennent du Nil. Or, le barrage de la Renaissance est bâti sur le Nil Bleu, un des deux grands affluents du Nil qui prend sa source en Ethiopie et qui fournit 85% des eaux du Nil qui arrosent l’Egypte.
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Du coup, l’Egypte qui pourrait connaître une baisse du débit du Nil a demandé des explications à l’Ethiopie. Sans démentir catégoriquement, Addis-Abeba a justifié le début de la formation du lac du réservoir.
Selon elle, la montée des eaux constatées n’est pas le fruit d’un remplissage volontaire du barrage, mais les conséquences directes de deux facteurs. D’abord, il y a l’effet des fortes pluies de ce début d’hivernage qui ont inondé le réservoir du barrage. Ensuite, il y a l’impact du niveau d’avancement du barrage qui empêche de facto l’écoulement de toutes les eaux du Nil Bleu vers l’aval formant ainsi une retenue d’eau.
Ainsi, selon Seleshi Bekele, ministre éthiopien de l’Eau, «le remplissage du GERD est en cours, en phase avec le processus naturel de construction du barrage», avant d’ajouter, «nous n’avons rien fermé et nous n’avons rien fait (au niveau des installations)».
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En d’autres termes, Addis-Abeba explique qu’elle n’a pas fermé les vannes pour retenir l’eau, mais que l’état d’avancement du barrage est devenu lui-même un obstacle pour l’écoulement d’une partie des eaux de pluie. Une chose est sûre, l’Ethiopie ne compte pas rater cet hivernage pour entamer le remplissage du réservoir du barrage en cours de finition afin de pouvoir produire rapidement de l’électricité et surtout de mettre ses voisins devant un fait accompli, comme elle le fait depuis une décennie en retardant autant que possible la signature d’un accord définitif sur le délai de remplissage et la gestion du barrage dans les années à venir, notamment durant les périodes de sécheresse.
En clair, selon Addis-Abeba, c’est la conjugaison de ces deux facteurs qui est à l’origine du début du remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance.
L’Ethiopie compte sur cet important barrage pour produire de l’électricité en quantité abondante afin de faire face au besoin de son économie en expansion. En effet, à lui seul, le GERD devrait assurer, à terme, une capacité de production de 6.450 MW, ce qui en fait de loin le barrage hydroélectrique le plus important d’Afrique.
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Le barrage de la Renaissance, érigé à 25 km de la frontière soudano-éthiopienne, est une source de tension entre l’Egypte et l’Ethiopie. Les deux pays s’opposent sur le délai nécessaire pour remplir le réservoir de 74 milliards d’eau. L’Ethiopie souhaite remplir ce réservoir dans un délai n’excédant pas 5 ans afin de pouvoir produire rapidement suffisamment d’électricité et rentabiliser une infrastructure dont le coût devrait dépasser les 5 milliards de dollars. Addis-Abeba espère tirer 700 millions d’euros annuellement des exportations d’électricité.
Pour sa part, l’Egypte souhaite que le remplissage du réservoir du barrage soit étalé sur une longue période d’au moins 12 ans, de telle sorte que les retenues annuelles d’eau n’impactent pas trop fortement le ruissellement des eaux du fleuve Nil Bleu vers le Nil.
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Les deux pays butent depuis sur ce délai. En plus, l’Egypte souhaite avoir son mot à dire sur la gestion du barrage avant que celui-ci ne soit opérationnel.
Après l’échec des discussions menées sous l’égide des Etats-Unis, l’Union africaine s’est elle aussi engagée dans le processus des discussions dans le but de contribuer à aplanir les différends entre les deux pays.