Afrique du Sud: le gendarme anti-corruption met son nez dans le Covid-19

Busia Mkhwebane, médiatrice de la République d'Afrique du sud.

Busia Mkhwebane, médiatrice de la République d'Afrique du sud.. DR

Le 03/08/2020 à 15h53, mis à jour le 03/08/2020 à 15h58

Le gendarme de l'éthique publique en Afrique du Sud a indiqué lundi enquêter sur plusieurs plaintes concernant des défaillances dans la gestion par l'Etat de la pandémie de Covid-19, notamment dans l'attribution de contrats d'équipements ou à des centres de quarantaine.

Selon la médiatrice de la République Busia Mkhwebane, ses services ont "constaté ces quatre derniers mois une montée en flèche du nombre de plaintes liés à la pandémie concernant des agissements abusifs et des services défaillants".

Parmi les présumés agissements abusifs dénoncés, figurent la fourniture au gouvernement de matériel de protection à des prix surévalués ou l'attribution d'un contrat pour servir de lieu de quarantaine à un centre "délabré", où manquaient les produits de base, tels que le papier toilette.

Plusieurs centaines d'autres plaintes concernent le rejet de dossiers de demandes d'une aide mensuelle spéciale destinée aux personnes en difficulté privées d'autres prestations sociales.

En avril, le gouvernement a annoncé un plan d'aide économique et sociale sans précédent de 500 milliards de rands (environ 25 milliards d'euros), destiné à amortir l'impact de la pandémie.

Mais une partie des fonds ont été volés ou détournés et une partie de l'aide alimentaire n'est pas parvenue aux ménages dans le besoin.

"Nous n'avons jamais cessé d'appeler la bureaucratie à faire preuve de prudence dans la dépense des fonds publics en matière de biens et services liés au Covid-19", a rappelé Mme Mkhwebane dans un communiqué.

L'Afrique du Sud bénéficie d'un des meilleurs système de santé du continent, mais les accusations de corruption dans la fourniture d'équipements de protection pour les soignants se sont récemment multipliées.

Lundi, le président Cyril Ramaphosa a promis de s'occuper de la corruption "de façon décisive et sévère", qualifiant de "crime odieux" la corruption en temps de catastrophe nationale.

"Il est difficile de comprendre l'absolu manque de conscience pouvant mener un homme ou une femme d'affaires, répondant à l'appel à fournir de quoi sauver des vies durant une pandémie dévastatrice, à gonfler le prix d'un masque chirurgical de pas moins de 900%", s'insurge le chef de l'Etat dans son bulletin hebdomdaire.

"Tenter de profiter d'une catastrophe qui emporte la vie de nos concitoyens tous les jours est digne de charognards", a-t-il ajouté, y voyant "une meute de hyènes encerlant une proie blessée".

En Afrique du Sud, 511.485 personnes ont été contaminées par le nouveau coronavirus, soit plus de la moitié des cas recensés sur le continent. Ce chiffre le place en 5e position dans le bilan mondial du nombre d'infections par pays.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 03/08/2020 à 15h53, mis à jour le 03/08/2020 à 15h58