Tel le phoenix, l'organisation autoproclamée Etat islamique, alias Daech, renaît régulièrement de ses cendres. Depuis 2014, chaque fois qu'elle a été chassée de la ville libyenne de Sabratha, elle a réussi à y revenir. Cette fois encore, elle profite de la nouvelle situation induite par l'offensive des forces turques et des mercenaires syriens en soutien au Gouvernement d'entente nationale (GNA) pour en reprendre le contrôle, affirme Radio France Internationale.
Sabratha a une position stratégique, un peu à l'ouest de Tripoli, vers la frontière avec la Tunisie. C'est d'ailleurs ce pays voisin de la Libye qui sert de vivier de combattants islamistes à Daech pour son camp d'entraînement de Sabratha. En 2016, une frappe aérienne américaine avait permis de détruire une importante cible identifiée comme un lieu de formation de jihadistes. Une cinquantaine de terroristes étaient morts, la plupart des Tunisiens.
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Radio France Internationale (RFI) fait état de témoignages affirmant que les jihadistes sont bel et bien de retour dans cette ville de 80.000 habitants, ce qui laisse penser qu'en réalité, ils étaient simplement démobilisés et qu'ils n'ont jamais réellement quitté Sabratha. Certains sont des citoyens connus de tous, alors que d'autres viennent de partout, pas seulement de la Tunisie voisine, pour grossir les rangs de l'organisation.
Selon la même source, ils occupent désormais deux camps, ceux d'Al Tlil et d'Al Baraem, deux endroits leur ayant servi avant 2016.
Le problème est que ces combattants font partie des mercenaires envoyés par la Turquie pour combattre aux côtés du GNA de Fayez El-Serraj. Outre les Libyens et les Tunisiens, il y aurait donc des Egyptiens et des Syriens dont les calendriers ne sont pas exactement les mêmes que ceux de leurs alliés turcs.
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De plus, tous les jihadistes qui étaient dans les prisons de Sabratha et de Tripoli, des centaines selon plusieurs sources, se sont retrouvés dans ces camps. Il y aurait également tous les jihadistes de la branche libyenne d'Al Qaïda qui étaient à Syrte, Benghazi et Derna.
Une situation qualifiée d'ubuesque par RFI qui ajoute que "pour les habitants, le plus absurde reste que la salle d’opération spécialement créée par Fayez al Sarraj à Sabratha pour lutter contre l'organisation Etat islamique est actuellement occupée par les jihadistes".
La suite des événements risque d'être fatale à la toute cette région sahélo-saharienne, en particulier au Mali. En effet, si les islamistes reprennent vie et redeviennent suffisamment forts, ils n'hésiteront pas à s'attaquer à l'Etat faible le plus proche. Et le Mali, en proie à une instabilité politique et à des troubles dont l'instigateur est un imam, Mahmoud Dicko, qu'on soupçonne de faire le jeu des islamistes, est la ciblée rêvée. Le scénario de 2012 va certainement se répéter et cette fois, le terreau n'en est que plus fertile.