Mauritanie: exportation historique de 40.000 tonnes de gypse vers le Nigeria, en prélude à la Zleca

Cette première exportation de gypse permet à la Mauritanie de concurrencer l'Espagne sur le marché du Nigeria.

Cette première exportation de gypse permet à la Mauritanie de concurrencer l'Espagne sur le marché du Nigeria. . DR

Le 11/08/2020 à 16h00, mis à jour le 12/08/2020 à 16h33

La Mauritanie, par l’intermédiaire de la Société arabe des industries métallurgiques (Samia), a réalisé une première historique en exportant 40.000 tonnes de gypse vers le Nigeria, selon la direction de l’entreprise publique.

Une opération relativement modeste, mais dans l’air du temps, et qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la mise en œuvre du vaste projet de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). C'est ce qu’annonce la Samia, ce mardi 11 août, par un document diffusé dans la presse.

Devant être effective dans les mois à venir, la Zleca est la zone de libre-échange qui réunira dans un marché commun l'ensemble des communautés économiques régionales, à savoir l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) d’une part, et la Communauté des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union du Maghreb arabe (UMA), d’autre part.

Le navire Tremola a quitté le port autonome de Nouakchott, dit Port de l’Amitié (PANPA), lundi, à destination d’Apapa et de Calabar, au Nigeria, avec à son bord une cargaison de 40.000 tonnes de gypse achetées par Lafarge Holcim, leader mondial du ciment.

«La réalisation de cette opération, une première dans l’histoire du pays, est un véritable exploit dans le contexte de la pandémie mondiale de Covid-19». Celle-ci prouve que la reprise des activités économiques, dans le respect des gestes-barrières, suivant un protocole médical, est une option incontournable. Elle «est la consécration d’un travail de longue haleine, menée par la société, pour la conquête du marché de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao)».

La Cédéao, que la Mauritanie a quittée en 2000 et avec laquelle elle négocie un retour en douceur à travers un Accord d’Association, regroupe 15 pays et forme un marché de plus de 350 millions de consommateurs. Ainsi «en plus du Nigeria, la Samia a exporté depuis 2015, malgré ses moyens très limités, 300.000 tonnes de gypse à partir du port de Nouakchott, à destination d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Sénégal, la Guinée, le Burkina Faso, le Ghana, le Togo, réalisant aussi des exportations par voie terrestre à destination du Mali voisin depuis 2012, vers les pays d’Afrique centrale tels que le Cameroun, la République démocratique du Congo (RDC) et les états d’Amérique latine (le Panama)».

«Le gypse est une matière première de faible valeur marchande, mais indispensable à la production du ciment. Il sert également de produit de base pour faire le plâtre et offre des applications dans le domaine de l’agriculture», rappelle le document de la Samia. La Mauritanie dispose «d’énormes gisements de gypse, d’une grande qualité, encore largement sous-exploités, et pourrait devenir une grande exportatrice de cette matière première très demandée par l’industrie du ciment».

Une perspective rendue possible «par de nombreux avantages comparatifs, notamment la nature des gisements dont les réserves sont estimées à plusieurs centaines de millions de tonnes, l’emplacement relativement proche d’un grand port en eau profonde sur l’océan Atlantique, avec un tirant d’eau important, capable d’accueillir les bateaux de grande contenance, en plus de la proximité avec les marchés d’Afrique de l’Ouest, du Centre, l’Amérique latine et les USA».

Pour le directeur général de la Samia, Mohamed Moustapha ould Eleya, «il n’est pas normal que les cimenteries ouest-africaines s’approvisionnent en gypse à partir de l’Espagne, alors que d’importantes ressources de cette matière première sont disponibles en territoire mauritanien». En dépit de ces avantages, cette industrie fait face à des défis et contraintes «qui doivent être surmontés pour permettre au pays de tirer pleinement profit de ces opportunités. Il s’agit de problèmes liés à la logistique, au transport, au stockage à la manutention et au chargement des navires. La disponibilité des navires à Nouakchott et les taux de fret constituent également des défis majeurs», ajoute le directeur.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 11/08/2020 à 16h00, mis à jour le 12/08/2020 à 16h33