Cameroun: les partis de l'opposition non partants pour les élections régionales

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Le 07/09/2020 à 08h57, mis à jour le 07/09/2020 à 08h58

Alors que le dispositif législatif et administratif se met progressivement en place, annonçant sans aucun doute l'imminence de ce scrutin, certains partis de l’opposition entendent boycotter ces consultations électorales.

Selon le Social Democratic Front (SDF, opposition) de Jonh Fru Ndi, «la situation sociopolitique et institutionnelle de plus en plus dégradante qui prévaut au Cameroun aujourd'hui reste et demeure une préoccupation majeure (...) Trouver la solution globale et acceptable à la kyrielle de crises qui secouent le pays reste la priorité absolue du parti».

Aussi, pour le SDF, il serait inadéquat d'organiser des élections régionales dans ce contexte, au risque de «marginaliser» davantage les populations des régions dites anglophones, qui ne pourraient pas prendre part au scrutin dans des conditions adéquates, indique son président dans un communiqué.

«Il y a une agitation visible au sein du gouvernement en faveur de l'organisation d'élections régionales comme étant l'une des solutions possibles à la répartition des pouvoirs dans le cadre de la décentralisation qui est un échec patent. Depuis 24 ans, le gouvernement est incapable de déployer ce système, simplement parce qu'il refuse d’activer le minimum des exigences requises. La décentralisation ne parvient pas à répondre à nos défis actuels qui ne cessent d'évoluer quotidiennement», ajoute le SDF, critique envers la mise en œuvre du processus.

Pour ce parti, l'apaisement de la situation passerait notamment par «la révision et l’amélioration de façon inclusive de notre code électoral, la promulgation d'un cessez-le-feu dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest».

Le parti suggère aussi de commencer l'exploration, «complète» et de «bonne foi» de la mise en place d'un système fédéral de gouvernance pour résoudre la crise constitutionnelle.

La position du SDF rejoint en gros celle du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), parti dirigé par l'opposant Maurice Kamto, candidat malheureux lors du dernier scrutin présidentiel en 2018.

«Le MRC demande à ses militants et sympathisants, au peuple de la renaissance et aux Camerounais épris de démocratie et de paix, au Cameroun et à l’étranger, de se mobiliser pour empêcher par tous les moyens pacifiques, la tenue de toute nouvelle élection, à commencer par les élections régionales en préparation, avant la fin de la guerre civile dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et la réforme consensuelle et effective du système électoral», affirme Maurice Kamto dans un message le 19 juillet dernier, bien qu'il reconnaisse des «avancées» dans le Code électoral en vigueur.

Le 2 août 2020, le président de la République, Paul Biya, a signé un décret fixant le nombre de conseillers régionaux par département et par catégorie, ainsi que les modalités de prise en charge par l’État, des frais liés à la participation des membres des collèges électoraux à l'élection des conseillers régionaux. Une décision qui laisse augurer, selon plusieurs experts, de l'imminence de la tenue de ce scrutin. 

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 07/09/2020 à 08h57, mis à jour le 07/09/2020 à 08h58