Mali-Cédéao: les deux scénarii possibles lors de la visite de Goodluck Jonathan ce mercredi

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Le 23/09/2020 à 10h29, mis à jour le 23/09/2020 à 10h57

Le Comité national pour le salut du peuple (Cnsp) est accusé d'avoir imposé un président et un vice-président aux autres composantes de la concertation nationale. Il reste à savoir si ce forcing passera auprès de la Cédéao qui voulait des civils pour diriger la transition.

Silence absolu du côté de la Cédéao depuis qu'ont été désignés lundi 21 septembre, le président et le vice-président de la transition malienne. C'est aujourd'hui que l'émissaire de l'organisation régionale, l'ancien président nigérian Gooluck Jonathan, se rend à Bamako pour la énième fois depuis le début de crise politique, dans le but de s'entretenir avec les différents protagonistes, avec d'une part les militaires et de l'autre la société civile et la classe politique.

La question qui se pose d'ores et déjà est celle de savoir si les récentes décisions qui seraient issues de la concertation satisfont aux différentes parties maliennes. Pour sûr, elles ne font pas l'unanimité, notamment d'après les réactions tranchées de la presse et des membres du M5-RFP, sans doute plus réservées.

Car en désignant un colonel de l'armée à la retraite, le CNSP "exprime sa volonté à peine voilée de prendre le pouvoir, tout le pouvoir", écrit le site d'information Malikilé qui affirme que "beaucoup de voix se sont élevées pour dénoncer la manière unilatérale dont ont été nommés le président et le vice-président devant conduire la Transition de 18 mois telle que décidée par les Concertations nationales".

Selon Malikilé, "c’est désormais le clash entre le M5-RFP et le CNSP, ce qui n’est pas de bon augure alors que Goodluck Jonathan arrive à Bamako ce mercredi pour s’enquérir de la prise en compte par la junte des recommandations de la Cédéao dans la mise en œuvre des organes de la Transition".

D'ailleurs, si la Cédéao traîne encore des pieds, alors qu'elle avait clairement affirmé que les sanctions allaient être levées immédiatement après la désignations des autorités de la transition, c'est justement parce que ses exigences n'ont pas été respectées.

Il y a donc deux scénarios possibles face à cette tentative de forcing des militaires qui ont pris le pouvoir le 18 août dernier. Le premier est que les membres du M5-RFP et ceux de la société civile malienne montrent à Goodluck Jonathan leur accord concernant les président et vice-président de cette transition. Dans ce cas de figure, la Cédéao n'aurait d'autre choix que de les accepter comme tels. La prestation de serment prévue ce vendredi passerait alors comme une lettre à la poste et la nomination d'un Premier ministre immédiatement après permettrait de tourner cette page des sanctions imposées par la communauté économique régionale constituée des 15 pays, dont le Mali.

Le second scénario qui consisterait à remettre en question les nominations de Bah N'Daw et de Assimi Goïta à leur poste respectif signifierait un retour à la case départ exigé par la Cédéao. Ce serait alors un cauchemar pour le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui doit affronter une nouvelle fois le blocus de l'organisation régionale, le temps de trouver un consensus autour d'une nouvelle personne devant diriger la transition.

Le fait est malheureuseuement que c'est ce deuxième scénario qui est le plus probable. Sauf si le M5-RFP accepte la proposition qui lui aurait été faite de désigner le futur Premier ministre de la transition. En effet, le journal l'"Indépendant" croit savoir que le CNSP a approché le "comité stratégique du mouvement de contestation pour lui demander de proposer les noms de trois personnes pour le poste de Premier ministre". Reste à savoir s'il s'agit d'une ruse du CNSP ou bien d'un acte de bonne foi.

Bonne foi qui aurait visiblement manqué dans le cadre des de concertations pour la désignation du président de la transition? Pas tout à fait, puisque pour les militaires, l'opposition et l'ancienne mouvance présidentielle c'est bonnet blanc et blanc bonnet. 

C'est en tout cas ce que pense le journal l''Informateur", qui estime que "pour établir les conditions d’une transition de refondation de l’État, le CNSP voulait disposer de la plus grande marge possible de liberté vis-à-vis des chapelles politiques. Les opposants au défunt régime sont dans une large proportion considérés (par les militaires) comme les syndics de la faillite d’hier, à mettre dans le même panier que l’ex-mouvance présidentielle".

Quoi qu'il en soit, il est crucial pour le Mali et pour le CNSP que la Cédéao lève immédiatement les sanctions, comme l'a exigé hier le chef des colonels qui ont pris le pouvoir à Bamako. En effet, le Mali étant entièrement enclavé a besoin de Dakar, Abidjan et dans une moindre mesure de Lomé et Accra pour importer des produits essentiels à son économie. Plus vite une solution politique sera trouver, mieux ce sera pour tout le monde.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 23/09/2020 à 10h29, mis à jour le 23/09/2020 à 10h57