Qui succédera à Ghassan Salamé au poste de nouvel envoyé spécial de l’ONU en Libye? Difficile d'avancer un nom tant les divergences semblent énormes entre les protagonistes et leurs alliés, d’une part, et entre les Etats-Unis et l’Afrique, d’autre part.
Du coup, depuis plus de sept mois et la démission le 2 mars pour des raisons de santé du Libanais Ghassan Salamé, la Libye est dans l’attente de la nomination d’un nouvel envoyé spécial des Nations unies. Et l’intérimaire américaine en poste, Stéphanie Williams, doit quitter ses fonctions à la fin du mois de ce mois septembre.
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Tout le monde pense que la nomination d’un nouvel émissaire de l’ONU devient urgente afin consolider le cessez-le-feu, de faciliter les discussions entre les parties protagonistes de ce confit inter-libyen et de ramener la paix dans ce pays en guerre quasiment depuis la chute de Kadhafi en 2011.
Seulement, à cause des enjeux de la crise libyenne qui dépassent les frontières de la Libye, la nationalité du futur envoyé spécial de l’ONU dans ce pays s'avère stratégique. D’abord, les parties impliquées dans cette guerre et leurs alliés, le Gouvernement d’union nationale (GNA soutenu par la Turquie et le Qatar) et le pouvoir de l’Est (incarné par le maréchal Khalifa Haftar, appuyé par l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabe unis, la Russie, la France, etc.) souhaitent un émissaire de l’ONU qui ne se penchera pas en sa défaveur.
Ensuite, l’Afrique qui s’était opposée à l’intervention internationale en Libye est désormais décidée à jouer un rôle actif dans le processus de paix en Libye. A ce titre, le continent souhaite clairement que le prochain envoyé spécial de l’ONU en Libye soit Africain.
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A ce titre, il avait désigné Ramtane Lamamra, ancien ministre algérien des Affaires étrangères. Si la candidature avait fait l’objet d’un consensus au sein du Conseil de sécurité, les Etats-Unis s’y sont catégoriquement opposés et le diplomate algérien a fini par jeter l’éponge.
Après ce revers diplomatique pour Alger, le nom de l’actuel ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ismaïl ould Cheikh Ahmed, a circulé et semblait même faire l’unanimité. Celui-ci ayant l’avantage de connaître la complexité du dossier après avoir été représentant spécial adjoint de la mission onusienne en Libye de 2014 à 2015 en secondant Tarek Mitr, puis Bernardino Leon. Toutefois, il a démenti sa candidature et garde son poste de chef de la diplomatie mauritanienne.
Guterres a alors proposé le Slovaque Miroslav Lajcak. Mais, l’ONU a été devancée par l’Union européenne qui le nomme envoyé spécial pour le dialogue entre la Serbie et le Kosovo.
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Suite à cet échec, le secrétaire général de l’ONU avait désigné, en juin, Hanna Tetteh, ancienne ministre des Affaires étrangères du Ghana. Malgré un consensus au sein du Conseil de sécurité, les Etats-Unis ont une fois de plus rejeté cette proposition.
Ce second refus d’un candidat africain avait irrité les pays du continent qui souhaitent vraiment que le poste revienne à l’un des leurs pour marquer leur retour sur le dossier libyen.
Cette obstruction américaine et le lobbying en faveur de la nomination de l’ex-Première ministre danoise Helle Thoming-Schmidt ont été critiqués par les 14 autres membres du Conseil de sécurité.
Outre le refus des deux candidats africains, les Etats-Unis réclament de scinder le poste de l’envoyé spécial en deux, avec un émissaire politique et un chef de mission onusienne, comme c’est le cas pour le Sahara marocain et Chypre. La proposition américaine a finalement été adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU et la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) sera dirigée par un «émissaire» qui assurera la médiation avec les acteurs libyens et internationaux pour mettre fin au conflit, secondé par un «coordinateur» qui gérera les opérations au jour le jour, notamment celles de l’administration.
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Du coup, suite aux deux rejets de candidatures africaines, les représentants africains au Conseil de sécurité s'opposeraient à la proposition américaine de nommer le Bulgare Nicolaï Mladenov au poste d’envoyé spécial de l’ONU en Libye, selon Rfi. Le diplomate bulgare, âgé de 48 ans, est depuis 2015 le coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient.
Du coup, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres multiplie en vain les initiatives pour trouver un successeur à Ghassan Salamé et à l’intérimaire américaine Stéphanie Williams, dont les fonctions prennent fin le 30 septembre.
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En attendant, les pourparlers inter-libyens se poursuivent à Bouznika, au Maroc, avec de nouvelles rencontres prévues le 1er octobre prochain. A ce titre, rappelons que le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, avait annoncé être prêt à quitter ses fonctions avant la fin octobre pour céder la place à un nouvel exécutif issu des pourparlers inter-libyens qui se déroulent actuellement au Maroc.