Toutefois, les rebelles sont pour l'heure tenus à distance de Bangui, grâce au renfort ces derniers jours de centaines de paramilitaires russes, soldats rwandais et Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca).
A l'exception de quelques localités éloignées en province, les positions des groupes armés qui contrôlent la grande majorité du territoire depuis le début de la guerre civile en 2013 n'ont guère bougé près de Bangui, depuis que six d'entre eux ont annoncé le 18 décembre une offensive sur la capitale, selon les comptes rendus de la force de l'ONU.
Cependant, vendredi, trois Casques bleus burundais de la Minusca, qui a déployé près de 11.500 hommes dans le pays depuis 2014, ont été tués dans une attaque à Dékoa, à 250 km au nord de Bangui, selon l'ONU.
En plus de cette force de maintien de la paix, renforcée jeudi par 300 Casques bleus rwandais, Moscou et Kigali ont volé au secours du pouvoir cette semaine. La Russie, qui soutient ouvertement depuis 2018 le gouvernement de Touadéra, a envoyé 300 "instructeurs militaires" -en fait des paramilitaires de société privées russes de sécurité- en renfort de centaines de leurs pairs déployés depuis plus de deux ans.
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Le Rwanda, lui, a dépêché également cette semaine "des centaines de soldats" selon Bangui, pour protéger son contingent de Casques bleus.
De nombreux témoins, travailleurs humanitaires et sources sécuritaires assurent, sous couvert de l'anonymat, que Russes et Rwandais combattent directement sur plusieurs fronts.
Les informations remontant du terrain sont rares et polluées par d'innombrables rumeurs. Mais en huit jours la "marche sur Bangui" de la coalition rebelle pour perturber et faire reporter les élections a peu progressé et ils ont même reflué, à en croire les communiqués successifs de la Minusca.
En tout état de cause, les combats connus, à ce jour, se déroulent à des distances situées de 80 km à 850 km de la capitale, qui demeure calme.
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En dehors des trois Casques bleus burundais, aucun bilan des combats n'a été rendu public.
Légitimité des élus en question
Mercredi, les six groupes armés avaient décrété "un cessez-le-feu unilatéral" de trois jours, évoquant "un bilan croissant de blessés et morts" et exigeant une suspension des élections, mais l'ont rompu vendredi face à l'"intransigeance" du gouvernement et ses alliés.
La tenue des élections présidentielle et législatives est un enjeu majeur pour Touadéra, favori face à une opposition dispersée, mais aussi pour la communauté internationale qui a investi plus de 30 millions de dollars dans l'organisation du scrutin et répète à l'envi, ONU en tête, qu'il doit être maintenu "dans les délais constitutionnels".
L'opposition, qui facilite la tâche du président sortant avec pas moins de 15 candidats, réclame un report du scrutin, estimant que la situation de la sécurité ne permet pas à une grande majorité des quelque 1,8 millions d'inscrits de voter librement et sereinement en dehors de Bangui. Et accuse par avance le camp Touadéra de fraudes massives pour emporter les deux élections dès le premier tour.
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Samedi, la Cour constitutionnelle a rejeté leur ultime recours pour un report. Les requérants invoquaient notamment l'insécurité qui les a empêchés de mener campagne et provoqué l'abandon de dernière minute d'un candidat.
Et les experts et observateurs conviennent unanimement que la légitimité des futurs élus, le chef de l'Etat comme les futurs 140 députés, serait déjà largement mise en doute dans un pays où, finalement très peu des Centrafricains en âge de voter pourront le faire.
"Les standards internationaux des élections ne sont pas respectés, avec un pays occupé aux deux tiers par les groupes armés", estime Thierry Vircoulon, de l'Institut français des relations internationales (Ifri), ajoutant: "Ils peuvent largement tenir plusieurs préfectures, ils n'ont pas besoin d'aller jusqu'à Bangui pour perturber les élections".
"Dans de nombreuses régions, la population ne pourra pas se rendre aux urnes", renchérit Roland Marchal, spécialiste de la Centrafrique au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po à Paris.