En maniant le bâton - interdiction et violente répression de "marches pacifiques pour l'alternance", arrestations, invalidation de candidatures -, il a banni de la course ou intimidé ses plus sérieux opposants.
En tendant la carotte, il a fait une courte échelle peu discrète à des candidats de l'opposition "tiède" ou "contrôlée" selon les politologues... Le régime a ouvert une voie royale à son chef vers un "K.O. au premier tour", comme le scandent ses partisans.
Résultat: le 11 avril, seulement six candidats, sur les 16 qui avaient déposé leurs candidatures, seront en lice contre Déby. Les politologues et une partie de l'opposition les qualifient de "faire-valoir", manipulés ou bernés par un chef de l'Etat rompu, à 68 ans, aux ficelles de la politique et des fragiles équilibres entre ethnies et clans de son pays.
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La Cour suprême a invalidé sept candidatures. Puis trois autres prétendants, dont le rival "historique" Saleh Kebzabo, ont annoncé leur retrait pour protester contre les violences visant l'opposition, notamment après un raid meurtrier mené par la police et l'armée le 28 février au domicile d'un autre sérieux candidat, Yaya Dillo Djerou, aujourd'hui en fuite.
Violemment dispersés
Mais la Cour a maintenu leurs noms sur les bulletins de vote, annonçant 10 candidats. Manière, dénoncent les intéressés qui ont demandé à en être rayés, d'afficher un pluralisme factice pour le scrutin.
Depuis plusieurs mois, des partis et organisations de la société civile appellent chaque samedi à marcher "pacifiquement" pour une "alternance au pouvoir". Des marches interdites et violemment dispersées au moindre rassemblement, les policiers cernant sièges des partis et domiciles de leurs leaders.
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Amnesty international dénonce des "restrictions disproportionnées du droit à la liberté de réunion pacifique" et des "arrestations arbitraires". Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "déploré le recours à la force" dans le processus électoral.
Mi-mars, le gouvernement a largement médiatisé la remise de 120 véhicules flambant neufs à sa police anti-émeutes, afin "d'assurer la paix à l'approche de la présidentielle".
Déby a également "piégé", selon opposants et experts, un autre de ses plus farouches critiques, Succès Masra, 38 ans, étoile montante de l'opposition à la tête de son jeune parti Les Transformateurs.
Le samedi 6 février encore, pourchassé par la police lors d'une "marche pour l'alternance", et réfugié sur le parvis de l'ambassade des Etats-Unis, il dénonçait un chef de l'Etat ayant "confisqué le pouvoir et la démocratie".
"Faire-valoir"
Un mois plus tard, le 16 mars, devant des Tchadiens médusés et exprimant déception ou quolibets sur les réseaux sociaux, Déby affichait sur sa page Facebook des photos de sa rencontre avec son "jeune compatriote Succès Masra" tout sourire.
La réélection de Déby, ancien rebelle et militaire de carrière qui a pris le pouvoir par un coup d'Etat en 1990, et nouvellement élevé au rang de maréchal, ne fait donc aucun doute.
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Félix Nialbé Romadoumngar, Albert Pahimi Padacké, Théophile Yombombe Madjitoloum, Baltazar Aladoum Djarma, Brice Mbaïmon Guedmbaye et, première femme candidate à la présidentielle de l'histoire du Tchad, Lydie Beassemda sont, pour la plupart, d'anciens caciques du régime.
Déby "a su rouler tout le monde dans la farine, il a embarqué ces gens avec lui dans ses égarements et dans la gestion de la vie politique, c'est lui qui tire leurs ficelles", assure le politologue Evariste Ngarlem Tolde, de l'université de N’Djamena.
"Comme en 2006, l'opposition a abandonné et laissé la place à ceux qui ne représentent rien", renchérit Ramadji.
"Le régime permet des candidatures de circonstance, ce ne sont que des cautions. Déby pourra dire que ce sont des élections compétitives", analyse aussi Roland Marchal, du Centre de Recherches internationales de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.
"Comme le dit Corneille: à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire", prévient cependant Jean Bosco Manga, fondateur du Mouvement citoyen pour la Préservation des Libertés au Tchad.
Car, "la seule chose qui compte aux yeux de Déby, c'est de l'emporter dès le premier tour avec une participation importante, pour qu'on ne lui objecte pas qu'il a été mal élu", résume un diplomate sous couvert de l'anonymat.