Idriss Déby est mort lundi, selon N'Djamena, à 68 ans, des suites de blessures subies au front dans le nord du Tchad contre des rebelles.
Son fils, Mahamat Idriss Déby, général de corps d'armée à 37 ans et jusqu'alors commandant de la Garde républicaine, la redoutable garde prétorienne du régime, est le nouvel homme fort du Tchad, entouré des plus fidèles des généraux de son père. Il dispose des pleins pouvoirs mais a promis de nouvelles institutions après des élections "libres et démocratiques" dans un an et demi.
Pour de nombreux opposants, dont les plus farouches étaient régulièrement victimes d'intimidations et de violences, cette prise de pouvoir n'est rien d'autre qu'un "coup d’État institutionnel".
Une douzaine de chefs d'État sont réunis dans la capitale tchadienne, dont ceux des quatre autres pays du G5 Sahel, qui ont formé une force militaire anti-jihadiste épaulée par la France: Mali, Niger, Burkina Faso et Mauritanie. Sont présents aussi le président du Conseil souverain soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhan, et le Congolais Félix Tshisekedi, président en exercice de l'Union africaine (UA).
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Emmanuel Macron, le seul chef d'Etat Occidental à faire le déplacement, est arrivé jeudi soir à N'Djamena et a rencontré immédiatement le jeune général Déby. Un signe pour l'opposition et les experts: la France, qui a sauvé militairement au moins à deux reprises le régime de feu Idriss Déby menacé par des rebelles, en 2008 et 2019, semble maintenir son soutien à son successeur.
Paris a installé le QG de Barkhane, sa force antijihadiste au Sahel, au Tchad, son plus solide allié contre les jihadistes dans la région.
Après l'atterrissage de son avion sur la piste de la base militaire qui abrite le QG de la force française, Macron a été escorté jusqu'à l'ambassade de France par des blindés de Barkhane, selon un journaliste de l'AFP.
Le président français va-t-il poser des conditions pour une transition démocratique ? Avant le début de la cérémonie tôt vendredi matin, Macron et les chefs d'Etat des quatre autres pays du G5 Sahel sont allés rencontrer Mahamat Déby "pour des consultations sur la transition qui se met en place", a indiqué la présidence française à l'AFP.
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Depuis son arrivée au pouvoir par les armes en 1990, avec l'aide de Paris, Idriss Déby avait toujours pu compter sur l'ancienne puissance coloniale.
Menaces extérieure et intérieure
Après sa mort, la France s'est dite déjà à plusieurs reprises préoccupée de "la stabilité et l'intégrité territoriale du Tchad".
"Est-ce que le Conseil militaire de transition va assurer la stabilité, l'intégrité du Tchad ?", s'est demandé jeudi Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, s'interrogeant également sur sa capacité à "mettre en œuvre un processus démocratique" tout en respectant ses engagements militaires dans la région.
Même constat pour Josep Borell, le chef de la diplomatie de l'Union européenne. "Il faut aider le Tchad. Il faut passer outre les considérations politiques", a-t-il estimé jeudi lors d'une visite en Mauritanie, avant de se rendre lui aussi aux funérailles d'Idriss Déby.
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Les obsèques officielles devaient se dérouler en début de matinée sur la place de la Nation de N'Djamena. Après les honneurs militaires et différentes prises de parole, une prière devait être dite à la Grande Mosquée.
La dépouille d'Idriss Déby sera ensuite emmenée en avion à plus d'un millier de km, à Amdjarass, petit village qui jouxte sa ville natale de Berdoba, chef-lieu de la province de l'Ennedi Est (nord-est), près de la frontière soudanaise, où il sera inhumé aux côtés de son père.
La venue de chefs d'État représente un défi sécuritaire de taille pour le nouveau régime, toujours confronté à une rébellion venue de Libye qui a promis de marcher sur N'Djamena et rejette "catégoriquement" la transition militaire.
La menace pourrait aussi venir de l'intérieur du régime, car la prise de pouvoir du jeune Mahamat Idriss Déby est soudaine et les convoitises nombreuses au sein du clan du défunt chef de l'Etat.