Covid-19: l'Afrique du Sud annonce le début de sa campagne massive de vaccination, pour la énième fois

2000 Sud-africains, 4000 Britanniques et 5000 Brésiliens prennent part à ce test d'un vaccin anti-coronavirus.

2000 Sud-africains, 4000 Britanniques et 5000 Brésiliens prennent part à ce test d'un vaccin anti-coronavirus. . DR

Le 17/05/2021 à 15h24, mis à jour le 17/05/2021 à 15h29

Avec du retard et une troisième vague imminente de Covid-19, l'Afrique du Sud a lancé, lundi 17 mai 2021, sa nouvelle campagne de vaccination à grande échelle, visant en priorité les plus de 60 ans et les personnes à risques. Les précédentes n'avaient pas pu se dérouler comme prévu.

L'Afrique du Sud était censée être, avec le Maroc, l'un des tout premiers pays du continent à effectuer une campagne de vaccination à grande échelle. En effet, la nation Arc-en-ciel avait reçu dès le mois de janvier 2021 un million de doses de vaccin AstraZeneca venant d'Inde. En février, les scientifiques locaux ne l'avaient pas jugé efficace et avaient finalement opté pour le vaccin de Johnson & Johnson. Cependant très vite, en avril, est apparu le variant sud-africain contre lequel aucun de ces vaccins ne s'est montré efficace. En conséquence, en avril, la campagne prévue avec le vaccin américain a, à son tour, été suspendue.

Les doses AstraZeneca reçues ont été offertes à l'Union africaine qui les a données au Sud-Soudan, qui n'en a pas voulu non plus et les a cédées au Malawi. Le temps que ce pays d'Afrique Australe s'organise pour les utiliser, les doses avaient finalement atteint leur délai d'expiration.

Aujourd'hui, le pays africain qui est officiellement le plus touché par la pandémie avec plus d'1,6 million de contaminations dont 55.210 décès, n'a vacciné que 1% de sa population, lors d'une deuxième phase de vaccination auprès des personnels de santé, plusieurs fois suspendue.

Au cours de cette troisième phase lancée ce lundi, le gouvernement sud-africain prévoit de vacciner 16,6 millions de personnes en six mois, dont environ cinq millions de plus de 60 ans, d'ici fin juin.

Sauf que la réussite de cette campagne tient surtout à la réception des vaccins, ce qui est une gageure. Ces objectifs seront atteints si les commandes de vaccins sont livrées à temps, assurent les autorités qui attendent dans les prochaines semaines la livraison de 4,5 millions de doses du vaccin américain Pfizer et 2 millions de celui de Johnson & Johnson.

A la traîne dans la course mondiale à l'acquisition des précieux vaccins, le gouvernement sud-africain affirme avoir désormais acheté assez de doses pour vacciner au moins 45 millions des quelque 59 millions d'habitants. Soit suffisamment pour atteindre l'immunité collective, un objectif initialement prévu pour la fin de l'année.

- "Si les vaccins ..."

Le gouvernement a seulement récemment repris la vaccination des 1,25 million de soignants du pays et les files d'attente se sont allongées ces derniers jours devant les hôpitaux. "J'espère qu'il y en aura assez pour tous ceux qui veulent vraiment se faire vacciner", a confié Karabo Monaheng, ophtalmologiste, devant l'hôpital Milpark de Johannesburg.

Le retard accumulé par la puissance africaine, quand l'Union européenne ou les Etats-Unis promettent de vacciner une vaste majorité de leur population d'ici l’été, est en partie responsable de la récente remontée des contaminations dans le pays, selon certains spécialistes.

"Si les vaccins avaient été distribués beaucoup plus tôt, ça aurait aidé", même si d'autres facteurs comme l'abandon des gestes barrières sont aussi en cause, estime Nombulelo Magula, spécialiste en médecine interne et membre du Conseil scientifique auprès du ministère de la Santé.

Mais selon le virologue Barry Schoub, également membre du Conseil scientifique, l'avancée de la vaccination ailleurs dans le monde n'a pas pour autant évité une reprise de la pandémie. "Il suffit d'examiner ce qu'il se passe en Europe et au Royaume-Uni", dit-il.

Entre la dernière semaine d'avril et la première de mai, les contaminations en Afrique du Sud, déjà durement touchée par une deuxième vague fin 2020, ont augmenté de 46%. La mortalité a, quant à elle, enflé de plus de 18%, selon le ministère de la Santé. Les admissions dans les hôpitaux sont toutefois stables.

"Le pays n'a pas encore atteint le seuil de résurgence, bien que certaines provinces du pays s'en approchent rapidement", ont mis en garde les autorités la semaine dernière.

Le Covid-19 a fait officiellement au moins 3,3 millions de morts dans le monde depuis décembre 2019. Inquiète de la progression inégale des campagnes de vaccination, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) craint que la deuxième année de la pandémie ne soit "beaucoup plus mortelle" que la première.

Par Le360 Afrique (avec Agences)
Le 17/05/2021 à 15h24, mis à jour le 17/05/2021 à 15h29