Financement libyen présumé de la campagne de Sarkozy: deux nouvelles garde à vue

Sarkozy et Kadhafi.

Sarkozy et Kadhafi. . DR

Le 04/06/2021 à 08h37, mis à jour le 04/06/2021 à 08h38

Un journaliste de l'hebdomadaire Paris Match et la patronne d'une célèbre agence de paparazzis parisiens ont été placés jeudi en garde à vue à Paris et soupçonnés de "subornation de témoin" dans l'affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Des sources proches du dossier ont indiqué à l'AFP que l'enquête porte sur des soupçons de "subornation de témoin" et "association de malfaiteurs" relatives à un entretien accordé en novembre par l'intermédiaire Ziad Takieddine au journaliste de Paris Match, qui s'était rendu pour cela au Liban avec un photographe de l'agence BestImage.

Les domiciles de la patronne de BestImage, Michèle Marchand, et du journaliste de Paris Match, François de Labarre, ont fait l'objet jeudi de perquisitions, selon les sources proches du dossier. La garde à vue du journaliste de Paris Match François de Labarre "a été levée", a indiqué jeudi soir à l'AFP son avocat Me Christophe Bigot. "Sans aucune mise en examen, ni convocation chez le juge d'instruction", s'est-il félicité.

Celle de de la patronne de BestImage, Michèle Marchand, surnommée "Mimi", a été prolongée de 24 heures, a indiqué une source proche du dossier. Dans cette interview, Takieddine avait retiré ses accusations contre l'ex-chef de l'Etat, après dans un premier temps l'avoir accusé d'avoir touché de l'argent pour sa campagne présidentielle du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. "La vérité éclate", avait immédiatement triomphé l'ancien chef de l'Etat.

L'avocat de François de Labarre, Me Christophe Bigot, a estimé que l'arrestation, la perquisition et la garde à vue "pour une interview", "c'est extrêmement violent, et c'est une remise en cause des valeurs très préoccupante".

Dans un communiqué, la directrice de publication de Paris Match, Constance Benqué, a dénoncé une "arrestation contraire à tous les principes démocratiques" relevant "d'une forme d'intimidation". "Paris Match s'indigne d'une telle atteinte au libre exercice de la profession de journaliste, à la liberté de la presse et au devoir d'informer, et affirme qu'aucune infraction pénale ne saurait être reprochée à son journaliste ni à quiconque au sein de la rédaction", poursuit-elle.

L'entretien de Takieddine avait été publié peu après son incarcération au Liban dans le cadre d'une procédure judiciaire engagée contre lui. Le quotidien Libération avait évoqué en mars des mouvements de fonds suspects, évoquant de possibles tractations en marge de l'interview.

Selon le site d'information Mediapart, c'est "cette procédure qui a fait apparaître des négociations souterraines avec Takieddine visant à obtenir sa rétractation dans le dossier libyen". Deux mois plus tard, interrogé le 14 janvier à Beyrouth par deux juges d'instruction français chargés du dossier libyen, l'intermédiaire, connu pour sa versatilité, avait déclaré qu'il ne "confirm(ait) pas les propos" de l'entretien.

Devant les magistrats, Takieddine était revenu à sa première version, selon laquelle la campagne présidentielle 2007 de Sarkozy avait reçu l'apport de fonds libyens. Tout en insistant sur le fait que lui n'y était pour rien.Il avait assuré que ses propos avaient été "déformés" par Paris Match, qui "appartient à un ami de Sarkozy". L'hebdomadaire est propriété du groupe Lagardère, dont Nicolas Sarkozy est membre du conseil de surveillance.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 04/06/2021 à 08h37, mis à jour le 04/06/2021 à 08h38