Voici la condition que pose le Nigeria pour la levée de l'interdiction de Twitter

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Le 10/06/2021 à 11h48, mis à jour le 10/06/2021 à 11h51

Malgré la pression internationale suite à l'interdiction de Twitter d'être diffusé dans le pays, le gouvernement nigérian reste ferme dans sa décision. Il pose désormais une condition que le réseau social et plateforme de relais d'information doit satisfaire pour y être à nouveau autorisé.

Pour que Twitter soit à nouveau actif dans les téléphones des 210 millions de Nigérians, il devra se plier à l'éxigence des autorités du pays le plus peuplé d'Afrique. Abuja demande que Twitter s'enregistre comme entreprise opérant localement dans le pays.

C'est ce qu'a annoncé Lai Raufi Mohammed, le minsitre nigérian de l'Information, qui explique que "Twitter doit d'abord et surtout s'enregistrer comme une entreprise au Nigeria, il doit obtenir une licence auprès de la commission de diffusion et doit empêcher que sa plateforme ne soit utilisée par ceux qui promeuvent des actes hostiles à l'existence même du Nigeria".

Voilà six jours que l'interdiction avait été décidée suite à la suprression d'un tweet apparamment anodin du Président nigérian, Muhammadu Buhari, et qui n'avait pas été du goût des robots de la plateforme. De plus, le gouvernement du Nigeria soupçonne le réseau d'avoir une "mission suspecte". Non seulement twitter tolère les messages d'incitation à la violence des séparatistes du Biafra et du Sud-est du pays, mais aussi et surtout il a contribué à amplifier la contestation en octobre 2020 contre les violence policières.

La suspension de Twitter était intervenue deux jours après la suppression par le réseaux social d'un message du Président Muhammadu Buhari. Le chef de l'Etat avait menacé de "traiter avec un langage qu'ils comprennent" les responsables des violences actuelles dans le sud-est du Nigeria - attribuées par les autorités à des séparatistes igbos-, et ravivant les terribles souvenirs de la guerre du Biafra qui a fait plus d'un million de morts dans les années 1960.

"Partout dans le monde où Twitter devient une plateforme de choix pour l'insurrection (...) je pense que ce pays devrait l'interdire", a réitéré mercredi le ministre.

"Quelqu'un d'honnête ne peut accuser le Nigeria d'étouffer la liberté d'expression", a répondu le ministre à ceux qui l'accusent de restreindre les droits des Nigérians.

"Il y a cependant une ligne que vous ne devez pas franchir", a-t-il ajouté. "(...) Aucune forme de profit ou aucun droit n'est supérieur à l'existence du Nigeria en tant que société".

La suspension de Twitter, puis l'ordre du gouvernement aux médias audiovisuels de supprimer leur compte dans un geste "patriotique", a profondément consterné au Nigeria, pays jeune, très connecté, où ce réseau social est un important outil de contestation sociale.

Lundi, l'Union européenne (UE), la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada avaient déploré la suspension de Twitter dans un communiqué conjoint.

Le gouvernement nigérian a cependant reçu, mardi, les "félicitations" de l'ancien président américain Donald Trump, lui-même interdit de Twitter et de Facebook. 

"Davantage de pays devraient interdire Twitter et Facebook pour ne pas permettre un discours libre et ouvert", a-t-il déclaré dans un communiqué sur son site internet.

Par Ismail Traoré
Le 10/06/2021 à 11h48, mis à jour le 10/06/2021 à 11h51