"Chaque Afar devrait protéger sa terre par tous les moyens possibles, que ce soit des armes, des bâtons ou des pierres", a déclaré le président de la région, Awol Arba dans une interview diffusée par un média régional.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix en 2019, a envoyé l'armée fédérale au Tigré en novembre 2020, après des mois de tensions croissante pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
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Il a déclaré victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale, Mekele, mais les combats se sont poursuivis et fin juin, les rebelles pro-TPLF ont regagné la majeure partie de la région, dont Mekele.
Dimanche, ils ont mené des opérations "très limitées" selon eux en région Afar, à l'est du Tigré, affirmant viser des troupes progouvernementales massées à la frontière des deux zones.
Au moins 20 civils ont été tués et des dizaines de milliers ont été déplacés dans de violents combats dans cette région, a affirmé jeudi un responsable éthiopien.
"Il est temps que chaque Afar se dresse d'un seul homme contre la junte", a ajouté M. Awol, en référence aux rebelles.
Les combats en région Afar révèlent le risque d'une propagation au-delà du Tigré de la guerre, qui a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon les Nations unies.
Six régions éthiopiennes, ainsi que la ville de Dire Dawa, ont annoncé envoyer des troupes pour soutenir l'armée fédérale.
La route qui relie l'Ethiopie au port de Djibouti, vitale pour ce pays enclavé, passe par la région Afar.
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Certains craignent que les rebelles tigréens ne cherchent à la bloquer. Getachew Reda, un de leur porte-parole, a affirmé que tel n'était pas l'objectif de l'opération en Afar, sans toutefois l'écarter à terme.
Par ailleurs, une autre route passant par la capitale afar Semera, pour rejoindre le Tigré, est devenue vitale pour la livraison de l'aide humanitaire, après la destruction de ponts cruciaux situés sur d'autres axes.
Vendredi, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a déclaré que la route de Semera était impraticable, "empêchant les stocks de nourriture, de carburant et d'autres biens humanitaires d'entrer au Tigré".
Jeudi, le service de l'ONU chargé des transports aériens a opéré son premier vol entre Addis Abeba, la capitale éthiopienne, et Mekele depuis l'interruption des liaisons commerciales le 24 juin.
Plus de 30 travailleurs humanitaires de différentes organisations se trouvaient à bord, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
Des responsables gouvernementaux ont accusé les ONG "d'armer" le TPLF. Une source présente à bord a indiqué à l'AFP que les passagers avaient été minutieusement fouillés, ainsi qu'empêchés de transporter plus de 30.000 birrs (environ 580 euros).
De nombreuses ONG affirment que le manque de devises, de carburant et d'autres équipements limite leur capacité à acheminer l'aide.
Selon le gouvernement, le TPLF est responsable de l'"obstruction" de l'aide.