Corruption, pauvreté, droits de l’Homme… Ces freins à la stabilité et la paix en Afrique, selon l’ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Conseil de sécurité de l'ONU.. Crédit: DR

Le 10/08/2022 à 08h05, mis à jour le 10/08/2022 à 08h07

Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu lundi un débat consacré à la paix et la sécurité en Afrique. Les intervenants ont notamment identifié les divers facteurs qui continuent d'empêcher le continent d'atteindre réellement la paix et la stabilité, de même que des voies de solution.

Selon la secrétaire générale adjointe et conseillère spéciale du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique, Cristina Duarte, deux types de facteurs empêchent une paix durable sur le continent. Ce sont, d’une part, ceux dits «internes», comme la corruption, la pauvreté, les inégalités ou encore le respect des droits humains, lesquels interagissent avec des facteurs «externes» tels que la compétition pour les ressources naturelles, la criminalité transnationale et la prolifération des armes illicites.

La responsable, qui intervenait lundi devant les membres du Conseil de sécurité, lors d’un débat consacré à la paix et la sécurité en Afrique, a particulièrement mis en avant la corruption, «qui non seulement détourne des fonds destinés à la prestation de services, mais délégitime l’action de l’État». En effet, a-t-elle souligné, la corruption «est globalement le résultat de l’absence de l’État et du manque de capacités». Dans certains territoires, l’Etat est même simplement remplacé par des acteurs non étatiques, y compris des groupes criminels et terroristes. C’est par exemple le cas des Shabab en Somalie.

Avant elle, Bankole Adeoye, commissaire de l’Union africaine (UA) aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité, a indiqué que certains États membres de l’UA avaient sombré dans des situations de conflits «en raison de l'absence d'état de droit et de faibles perspectives socioéconomiques». Il a relevé à ce sujet que «les jeunes désœuvrés en particulier étaient tentés par l’extrémisme violent et le choix du séparatisme».

Duarte a par ailleurs proposer des pistes pour le renforcement des capacités de consolidation et de maintien de la paix en Afrique. Il s’agit notamment de «bâtir des institutions et développer des capacités pour la prestation de services publics, et de lutter contre les flux financiers illicites». Ce qui générerait un montant de revenus équivalent à l’aide publique au développement et les investissements directs étrangers réunis.

La SGA de l’ONU a également appelé à la création de capacités politiques et institutionnelles, car dans de nombreux pays, a-t-elle rappelé, «les missions de maintien de la paix se trouvaient dans des zones où l’État était absent». Selon elle, «dans ce contexte, une coopération renforcée avec les autorités nationales et locales, non seulement du point de vue sécuritaire mais aussi des perspectives de renforcement des institutions, pourrait créer des opportunités pour accroître la présence de l’État et améliorer la prestation de services».

Enfin, pour sa part, le président de la Commission de consolidation de la paix (CCP) des Nations unies, Muhammad Abdul Muhith, a insisté sur l’association des femmes, des jeunes et des personnes en situation de vulnérabilité aux efforts visant à renforcer les capacités aux niveaux local, national et régional.

Par Mohamed Koné
Le 10/08/2022 à 08h05, mis à jour le 10/08/2022 à 08h07