RD Congo: l'attaque d'un camp de déplacés hutu fait 34 morts

DR

Le 28/11/2016 à 11h25

L'attaque d'un camp de déplacés hutu par une milice Nande à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), théâtre d'affrontements récurrents entre ces deux communautés, a entrainé la mort de 34 personnes.

Il s'agit de l’attaque la plus meurtrière depuis un an environ que des heurts interethniques, liés surtout à des querelles foncières, agitent le centre-est de la province du Nord-Kivu, déchirée par la violence des conflits depuis plus de vingt ans. 

L'attaque a visé des familles hutu hébergées au camp de déplacés du village de Luhanga, dans le sud du territoire de Lubero, selon un communiqué de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco).

"Le bilan provisoire fait état de 34 civils tués", a déclaré à l'AFP Joy Bokele, administrateur du territoire de Lubero, précisant que l'attaque avait été lancée vers "05h00 du matin (03h00 GMT) par des maï-maï Mazembe", groupe d'"autodéfense" nande.

"Ils ont commencé à attaquer la position des FARDC (l'armée congolaise). Pendant qu'ils attaquaient les FARDC, un autre groupe exécutait la population à l'arme blanche ou par balles", a ajouté M. Bokele, joint par téléphone de Goma, la capitale du Nord-Kivu.

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La Monusco affirme qu'un détachement de Casques bleus se trouvant dans les environs fut alerté par les coups de feu et "se déploya rapidement et repoussa l’attaque" des maï-maï, tuant un des assaillants.

Parlant de "plus d'une vingtaine d'individus" tués par les agresseurs, la Monusco ajoute avoir évacué vers Goma quinze blessés.

Le Centre d'étude pour la promotion de la paix, la démocratie et les droits de l'Homme (Cepadho), ONG basée dans le nord du Nord-Kivu, affirme de son côté que "les assaillants ont opéré pendant plus d'une heure".

Les "miliciens à la recherche des membres de la communauté hutu se sont livrés à un véritable carnage avant de procéder à l'incendie complet du village", ajoute le Cepadho dans un communiqué.

Migrants hutu

Selon diverses informations, "les maï-maï Mazembe auraient proféré maintes fois des menaces contre les Hutu au cours de la semaine, leur demandant de vider le Sud-Lubero ou de s'exposer à l'épuration".

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"Considérant la gravité de la situation", le Cepadho appelle le gouvernement de Kinshasa et la Monusco "à une action urgente pour arrêter ces violences ethniques", disant craindre que celles-ci n'entraîne toute la province du Nord-Kivu dans un nouveau cycle infernal.

Les violences entre Nande et Kobo d'un côté et Hutu de l'autre ensanglantent le sud du territoire de Lubero et les confins nord du territoire de Walikale depuis environ un an, sur fond de reconquête de l'espace par l'armée congolaise et des milices maï-maï au détriment des rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Ces combats contre les FDLR ont provoqué de nombreux déplacements de population, toutes ethnies confondues.

Une fois le calme revenu, et les FDLR partis, des tensions apparaissent entre Nande et Kobo, d'un côté, qui se considèrent comme les autochtones, et les Hutu perçus comme des étrangers et souvent des collaborateurs des rebelles rwandais, lesquels sont accusés de s'être rendus coupables de nombreuses atrocités ou violations graves des droits de l'Homme.

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De plus, Nande et Kobo expriment une crainte face à ce qu'ils perçoivent comme une invasion hutu alors que des milliers de membres de cette communautés migrent du sud vers le nord de la province - une des plus densément peuplée du Congo - à la recherche de terres.

L'origine de cette migration est liée à la pression foncière qui contraint nombre de petits agriculteurs à abandonner leurs champs à de grands propriétaires terriens et à la fermeture récente de nombreux camps de déplacés décidée par les autorités du Nord-Kivu.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 28/11/2016 à 11h25