La France a demandé lundi au gouvernement de la République démocratique du Congo de faire "au plus vite la lumière" sur une vidéo mettant en cause l'armée congolaise dans un massacre de civils dans une province théâtre d'une rébellion.
"Nous exhortons les autorités congolaises à faire au plus vite la lumière sur ces agissements inacceptables et à identifier les responsables, qui devront répondre de leurs actes", a écrit le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, dans un communiqué.
La vidéo, diffusée sur l'internet, montre "des membres présumés des forces armées de la République démocratique du Congo se livrant à des exécutions extrajudiciaires contre la population civile, y compris des femmes et des enfants, dans la région du Kasaï", au centre du pays, relève-t-il. La France "condamne les violences meurtrières" dans cette région et appelle les autorités et l'armée congolaises à "assumer leur responsabilité première de protection des populations civiles, dans le plein respect des droits de l'homme".
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Dimanche, le département d’État américain a appelé le gouvernement congolais à "lancer une enquête immédiate et complète, en collaboration avec les organisations internationales chargées de veiller au respect des droits de l'Homme" afin de faire la lumière sur les suspicions de "graves violations des droits de l'Homme" qu'entraîne la publication de la vidéo.
"La charge de la preuve revient à ceux qui accusent. Si quelqu'un a des preuves de ces accusations, qu'il nous les apporte : nous les examinerons", a répondu le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, interrogé par l'AFP.
"Nous n'avons que les deux (soldats poursuivis pour violation de consigne au Kasaï) pour lesquels nous n'entendons pas mener des enquêtes telles que souhaitées par les Américains" et la France, a-t-il ajouté.
Samedi, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo non authentifiée mettant en cause l'armée dans un massacre de civils au Kasaï, le gouvernement congolais avait qualifié de "montage" ce film tourné selon un plan-séquence unique avant de reconnaître que des soldats congolais avaient pu commettre des "excès" en réprimant la rébellion Kamwina Nsapu, qui déstabilise le sud de la province du Kasaï central depuis septembre 2016.
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A en juger par sa qualité, le film semble avoir été tourné à l'aide d'un téléphone portable par un membre d'une unité militaire de huit soldats en treillis parlant lingala (la langue officielle de l'armée congolaise) et swahili (langue parlée dans l'Est du Congo).
Elle montre le petit détachement marcher sur un chemin vers un groupe de personnes à quelques dizaines de mètres chantant en tshiluba (langue parlée au Kasaï) : "Notre terre, notre terre".
Puis un ordre : "Avancez ! tirez !". Le peloton ouvre alors un feu nourri, puis les militaires s'avancent et achèvent plusieurs personnes gisant au sol, parmi lesquelles trois femmes. La vidéo montre pas moins de vingt cadavres.
Le Kasaï est le théâtre depuis septembre 2016 d'une rébellion provoquée par un conflit entre le pouvoir central et un chef coutumier local, Kamwina Nsapu, tué en août lors d'une opération militaire.