La redistribution des terres à la majorité noire est une question épineuse en Afrique du Sud post-apartheid. C’est pourquoi, plus de 20 ans après l’avènement de la démocratie, la réforme agraire reste un sujet qui divise, même au sein de l’ANC, le parti au pouvoir.
Dans ce cadre, le président Zuma a récemment intensifié les efforts à l’approche de la fin de son mandat à la tête de l’ANC pour faire passer un plan visant l’expropriation, sans compensation, des terres de la minorité blanche.
Le plan s’inscrit dans le cadre de la nouvelle politique de transformation radicale prônée par le président Zuma depuis son discours sur l’état de la Nation, prononcé en janvier dernier.
Cependant, un document de discussion politique préparé par l’ANC dans la perspective de sa conférence nationale, prévue le 30 juin prochain, a évité d’évoquer l’expropriation de ces terres sans compensation.
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Le document propose, par contre, la mise en place d’un régime de compensation «juste et équitable».
La réforme agraire sera l’une des questions brûlantes lors de la conférence de juin, selon les analystes.
Les commentateurs estiment que les supporters du président Zuma ont mis sur la table la politique de transformation radicale dans le but de propulser l’ancienne présidente de la commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, au poste de chef de l’ANC lors du congrès du parti, qui aura lieu en décembre prochain.
Le camp pro-Zuma a mis sur la table la question de la transformation radicale dans le but de museler l’opposition au sein du parti et de gérer les divisions en sa faveur, indique l’analyste politique Somadoda Fikeni. La redistribution sera l’un des principaux points de discorde qui devrait accentuer les divisions au sein de l’ANC à l’approche du congrès électif de décembre, explique-t-il.
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Le gouvernement sud-africain, conduit par l’ANC, tente depuis la fin du régime de l’apartheid en 1994 de mettre en œuvre un programme de réforme agraire, visant à transférer aux ouvriers agricoles noirs 50% des terres exploitées par les fermiers blancs.
Plus de 20 ans après l’avènement de la démocratie, la majorité des noirs est toujours exclue de la propriété foncière.
L’opposition radicale, représentée par le parti de l’Economic Freedom Fighters (EFF), prône la saisie par la force des exploitations agricoles.
Le président Zuma tente de reprendre la main sur cette question très sensible dans un pays soucieux d’éviter de désorganiser le secteur agricole et de rééditer l’expérience du Zimbabwe voisin où la réforme agraire du début des années 2000 s’est achevée dans la violence et par l’effondrement de la production agricole.