Au Cameroun, les autorités ont entrepris de faire la guerre aux «clandos». Ce terme désigne dans le jargon local, les transporteurs routiers illégaux et clandestins. Ils pullulent entre les localités et à l’intérieur, même des plus grandes villes du pays.
Dans la capitale Yaoundé par exemple, ils se substituent aux taxis. Ainsi, aux heures de pointe, on les retrouve généralement sur les axes allant du centre-ville aux quartiers les plus éloignés. En réalité, les «clandos» répondent à un besoin que peinent à assouvir les transporteurs reconnus.
Ni les bus, ni les taxis, ni les motos-taxis ne parviennent à assurer les déplacements de toute la population. Certains quartiers ne sont même pas du tout desservis. C’est là qu’interviennent les «clandos», dans ces no man’s land où ils règnent en maîtres.
Cependant ce mode de transport exploité en marge de la loi est très risqué. Les voitures utilisées ne répondent pas aux normes du transport public. Elles sont souvent insalubres, d'un autre âge ou trafiquées. Des bus de 12 places sont transformés pour prendre 18 personnes à leur bord.
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Et malgré tout, les chauffeurs font de la surcharge. Il n’est pas rare de voir les automobilistes partager leur siège avec un passager.
«Ils exercent sans licence de transport, exploitent une licence ou une autorisation louée, prêtée, cédée ou transférée par un tiers, utilisent un véhicule à usage personnel pour le transport public des personnes ou des marchandises, conduisent des véhicules publics sans permis de conduire correspondant et exercent l’activité de transport public en dehors de la zone ou de l’itinéraire autorisés», résume Derousse Moussa, chef de service régional des transports routiers.
Selon les données du ministère des Transports, 40 à 60% des véhicules qui roulent au Cameroun seraient des «clandos». Par ailleurs, le bilan des accidents établi en 2014 fait état de 3.088 accidents de la circulation à l’origine de 1.102 morts et 4.262 blessés, dont la plupart sont victimes des «clandos».
Des chiffres qui démontrent l’ampleur du phénomène. La lutte contre la pratique est rendue complexe par la difficulté d'identifier formellement ces transporteurs clandestins. La campagne engagée consiste en des contrôles répressifs, à la sensibilisation des propriétaires et dirigeants d'agences de voyages, des voyageurs dans les gares routières et des populations qui utilisent ce mode de transport.