Cameroun: l’église va porter plainte pour «l’assassinat» de Mgr Bala

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Le 18/07/2017 à 14h40, mis à jour le 18/07/2017 à 14h42

L'église camerounaise va porter plainte contre l'assassinat de Monseigneur Jean-Marie Benoît Bala. L’annonce a été faite par la Conférence nationale épiscopale du Cameroun, après avoir pris possession de la dépouille du défunt prélat, dont les obsèques sont programmées pour le 2 août prochain.

La mort tragique de Monseigneur Jean-Marie Benoît Bala, évêque de la ville de Bafia, dans la région du Centre du Cameroun, continue d’opposer la justice camerounaise et l’église catholique.

Le procureur de la République en charge du dossier, Jean Fils Ntamack, avait annoncé le 4 juillet dernier que la dépouille mortelle du prélat avait été remise à l’église catholique pour les besoins d’inhumation.

Mais en réalité, ce n’est que ce lundi 17 juillet, soit deux semaines plus tard, qu’elle a été récupérée par Monseigneur Samuel Kleda, président de la Conférence nationale épiscopale du Cameroun.

A l’issue de l’identification du corps de Mgr Bala à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé, Mgr Kleda a publié un communiqué pour indiquer que «la conférence épiscopale nationale du Cameroun va se constituer partie civile et envisage de porter plainte contre X pour assassinat de Mgr Jean-Marie Benoît Bala».

Pourtant, pour le procureur, «la noyade est la cause la plus probable du décèsr». Une conclusion faite après l’autopsie réalisée par des experts d’Interpol, qui n’a relevé, selon lui, aucune trace de violence sur le corps du défunt. «Ce dossier sera confié à un collège d’avocats qui nous représentera désormais dans la recherche de la vérité», peut-on lire dans le communiqué signé de Mgr Samuel Kleda. Une façon pour l’église de prendre ses distances avec une justice en laquelle elle n’a manifestement plus confiance.

«Il (Mgr Bala) a été assassiné brutalement», a réaffirmé Mgr Samuel Kleda, lors d’une conférence de presse tenue en prélude de l’Assemblée plénière de l’association des conférences épiscopales de la région d’Afrique centrale à Yaoundé.

Pour les proches de l’église catholique, les prélats ne peuvent faire de telles déclarations sans avoir des preuves probantes. Aussi l’opinion publique, soupçonne-t-elle les autorités camerounaises d’avoir soumis à l’analyse des médecins d’Interpol un autre corps que celui de l’évêque de Bafia.

Pour rappel, le 31 mai dernier, le véhicule de Mgr Bala, évêque de Bafia, près de Yaoundé, a été retrouvé sur le pont d’Ebebda sur le fleuve Sanaga. L’évêque était porté disparu. Un mot retrouvé dans son véhicule indiquait : «Je suis dans l’eau». Son corps avait été retrouvé trois jours plus tard à une vingtaine de km de là.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 18/07/2017 à 14h40, mis à jour le 18/07/2017 à 14h42