RDC: les 2 experts de l'ONU tués ont été induits en erreur par une fausse traduction

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Le 13/09/2017 à 14h52

Les deux experts des Nations unies assassinés il y a six mois en République démocratique du Congo ont été induits en erreur par une fausse traduction la veille de leur mort par des agents doubles, affirme mercredi Radio France Internationale (RFI).

La Suédo-Chilienne Zaida Catalan et l'Américain Michael Sharp ont été assassinés le 12 mars à Bunkonde dans le Kasaï (centre) où ils enquêtaient sur des fosses communes. Des violences au Kasaï opposent depuis septembre 2016 les forces de sécurité et les milices Kamuina Nsapu, du nom d'un chef traditionnel tué en août 2016.

RFI publie sur son site le script d'une conversation des deux experts la veille de leur mort avec un adepte des Kamuina Nsapu s'exprimant en langue tshiluba, et d'autres personnes traduisant en français.

"Au moins trois des participants induisent volontairement en erreur les deux experts sur leur niveau de sécurité à Bunkonde", affirme RFI.

A la 46e minute de cet entretien d'1h09mn46 sec, l'adepte, François Muamba, déconseille ainsi aux deux experts de se rendre à Bunkonde. "Les propos de François Muamba ne sont pas traduits", affirme RFI.

Alors que l'adepte s'inquiète d'une possible "embuscade" visant les deux experts, ses propos sont ainsi traduits: "En ce qui concerne les garanties, à Bunkonde vous pouvez arriver, il n’y a rien", selon RFI.

D'après RFI, le traducteur est "aujourd'hui agent de la DGM (direction générale de migration)" et "proche du nouveau chef Kamuina Nsapu adoubé par les autorités".

Les autorités congolaises affirment que les deux experts ont été tués par des miliciens. Un comité d'enquête de l'ONU est parvenu aux mêmes conclusions, d'après RFI.

L'enquête de RFI a été menée par son ex-correspondante en RDC, Sonia Rolley. Kinshasa n'a pas donné suite à sa demande de renouvellement d'accréditation envoyée en mai. La journaliste se trouvait à quelques km des lieux du crime le jour de l'assassinat.

"Si elle a des éléments, elle les met à la disposition de la justice. C'est une violation très grave de la procédure pénale", a réagi le porte-parole du gouvernement Lambert Mende joint par l'AFP.

"Il y a un procès qui est en cours. Nous nous abstenons de commenter le cours de la justice", a déclaré la porte-parole de la Mission des Nations unies (Monusco) lors de son point-presse hebdomadaire.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 13/09/2017 à 14h52