La RDC accepte une enquête internationale sur le meurtre des experts de l'ONU mais sous conditions

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Le 07/06/2017 à 17h42

Suite aux pressions des Nations unies, le gouvernement de la RDC a accepté de participer à une enquête sur le meurtre des experts onusiens dans la région du Kasaï. Les Congolais comptent toutefois diriger les investigations.

Il n’y a plus de bras de fer entre le gouvernement de la RDC et l’Onu au sujet de l’enquête internationale sur le meurtre de deux experts onusiens tués dans la province du Kasaï alors qu’ils enquêtaient sur la situation des miliciens Kamuina Nsapu.

En effet, le 6 juin, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, avait lancé un ultimatum aux autorités de RDC, leur donnant 48h pour accepter de participer à une enquête conjointe sur le Kasaï, région des tueries en masse au centre du pays. Au-delà, serait lancé le processus d'une enquête internationale. Le gouvernement congolais a accepté le même jour de collaborer à une enquête indépendante sur les violences dans la région du Kasaï.

Sa ministre des Droits humains, Marie Ange Mushobekwa, a affirmé: «Le gouvernement de la RDC n’a rien à cacher. Nous restons ouverts à tout appui logistique et technique et si l’ONU veut nous envoyer des experts en appui aux enquêteurs congolais pour faire la lumière dans l’assassinat de Sharp et Catalan et d’autres Congolais assassinés par la milice de Kamwina Nsapu, ces équipes sont les bienvenues», avant de souligner que le gouvernement de la RDC garderait la direction de l’enquête.

Déjà en mai dernier, les Nations unies avaient remis en cause les conclusions de l’enquête menée par les autorités congolaises concernant les violences au Kasaï ayant notamment causé la mort des deux experts onusiens, au mois de mars.

Les USA dans la danse

Il convient de noter que la pression du Haut-Commissaire de l'ONU intervient alors que des ONG congolaises ont réclamé la semaine dernière une enquête internationale sur les violences meurtrières commises depuis septembre 2016 au Kasaï.

En outre, les Etats-Unis ont appelé lundi 5 juin les Nations unies à créer une commission d'enquête sur les meurtres de ces deux experts de l'ONU qui cherchaient à prouver l'existence de fosses communes en RDC.

Depuis Genève, l'ambassadrice américaine Nikki Haley a souhaité la création d'une commission d'enquête séparée sur les violations des droits dans la province du Kasaï, qu'elle a qualifiées d'«actes horribles».

«Après les morts tragiques de Michael Sharp et Zaidan Catalan, leurs familles méritent justice. Nous devons [...] pour elles, mettre fin aux abus de droits humains exercés par les groupes armés et par le gouvernement de la RDC contre le peuple congolais. Nous espérons que d’autres nations se joindront à nous pour soutenir une enquête dirigée par l’ONU et une enquête dirigée par le Conseil des droits de l’Homme sur ces actes horribles», a déclaré l’ambassadrice Haley, ajoutant que son pays était prêt en tant que membre du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies à appuyer une résolution pour la mise en place rapide de cette commission qui devrait également faire la lumière sur les violences dans la région du Kasaï.

L’appel de Washington intervient malgré l’ouverture, le lundi 5 juin dernier à Kananga, du procès sur le double meurtre des experts onusiens.

Pour rappel, c’est depuis septembre 2016 que la région du Kasaï est secouée par la rébellion de Kamwena Nsapu, du nom d’un chef traditionnel tué en août 2016 lors d'une opération militaire, après s'être révolté contre les autorités de Kinshasa.

A en croire Delly Sessanga, député de l’opposition originaire de la région, on compte déjà plus de 3.000 morts et des milliers de déplacés vers d’autres régions de la RDC et vers l’Angola. Pendant ce temps, l'ONU a dénombré 40 fosses communes.

Par Tshieke Bukasa (Kinshasa, correspondance)
Le 07/06/2017 à 17h42