Le Cameroun accusé de fermer les yeux sur les "diamants du sang" de Centrafrique

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Le 16/09/2017 à 09h23, mis à jour le 16/09/2017 à 09h26

Le Cameroun est régulièrement accusé de faciliter le transit des pierres de diamant provenant de la République centrafricaine (RCA) et qui alimentent en partie la guerre civile. Les autorités du pays réfutent catégoriquement ces accusations.

Le Cameroun est un modeste producteur de diamant. Le pays déclare annuellement une récolte artisane de 2.500 carats, sur un potentiel de 5.000 selon une étude menée par le Bureau de recherche géologique et minière de France (BRGM).

Diverses études et recherche sont menées dans l’espoir de trouver au moins une roche primaire de diamant et, ainsi, lancer une production industrielle.

N'empêche, le Cameroun est membre du Processus de Kimberley (PK) depuis sept ans déjà. Le PK est en effet un mécanisme international permettant de tracer les diamants commercialisés dans le monde, afin d’éviter qu’ils servent à financer des guerres.

S’il n’y a pas de problème connu, dans la traçabilité du diamant produit localement, le Cameroun est néanmoins indexé régulièrement par des organismes internationaux qui assurent notamment que des diamants de conflit, provenant de la République centrafricaine (RCA) franchissent régulièrement les frontières camerounaises et pénètrent la chaîne d’approvisionnement légale. Et ce, en raison de faibles contrôles, de la contrebande et de la corruption.

La dernière accusation en date a été formulée par l’ONG dénommée Partenariat Afrique Canada (PAC). Celle-ci explique que le Cameroun est incapable de mettre en œuvre le Processus de Kimberley.

Une accusation non fondée, selon les responsables du secrétariat permanent du PK sis à Yaoundé. Ce jeudi, 14 septembre 2017, ils ont reçu la visite du ministre en charge des mines, en qualité de tutelle technique. C’était l’occasion de passer en revue leurs activités et surtout, rassurer le gouvernement du caractère mensonger des accusations répétées des ONG.

Selon Jean Kisito Mvogo, secrétaire permanent du PK au Cameroun, «la frontière entre le Cameroun et la RCA est longue de 800 km. Et nous ne sommes que le 4e voisin en termes de longueur. Le Tchad, le Soudan du Nord, le Soudan du Sud et les deux Congo partagent également la frontière centrafricaine.

Et à l’analyse, le voisin le plus organisé en matière de contrôle et de traçabilité de diamant c’est le Cameroun. Nous comprenons mal qu’on dise que c’est à travers nos frontières que transite le diamant de guerre centrafricain. C’est vrai que nous avons un problème de marquage des frontières et tout n’est pas claire cristal. Mais la bande de l’erreur est extrêmement négligeable».

La preuve, le mois d’août dernier, le nommé Abadi Choudi, britannique d’origine libanaise a été interpellé à l’aéroport international de Douala, avec dans ses bagages une cargaison de diamants bruts d’une valeur estimée à environ 630 millions de FCFA. De sources douanières, les diamants saisis dans les bagages d’Abadi Choudi provenaient justement de RCA. «Sans un déploiement crédible côté Cameroun, ces diamants auraient rejoint le circuit légal», se galvanise Jean Kisito Mvogo.

Dans la foulée, il rappelle qu’en décembre 2016, une mission d’évaluation, conduite par des experts du comité international du PK a séjourné au Cameroun. Après diverses enquêtes menées sur le terrain, notamment dans la région de l’Est, ladite mission n’a pu confirmer les accusations dont le Cameroun est victime.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 16/09/2017 à 09h23, mis à jour le 16/09/2017 à 09h26