Le gouvernement nigérien a exprimé samedi sa «préoccupation» après les expulsions massives de plusieurs milliers de Nigériens par l’Algérie. À Niamey, c’est l’«incompréhension» et le sentiment de «mécontentement» qui dominent après une nouvelle vague d’expulsion de plus de 950 migrants ouest-africains la semaine dernière. Et rien que sur les deux derniers mois, Alger a expulsé 2.800 Nigériens et 5.000 ouest-africains.
Selon le ministre nigérien des Affaires étrangères Ibrahim Yacoubou, «plus de 20.000 Nigériens ont été expulsés d’Algérie en quatre ans (…) c’est une préoccupation importante pour nous et nous l'avons fait savoir» aux autorités algériennes, espérant que les deux pays, qui partagent une frontière commune longue d’environ 1.000 km, vont «définir un cadre plus précis pour gérer cette migration». Bon nombre de ces Nigériens vivaient en situation irrégulière en Algérie.
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Au-delà des expulsions, ce sont les conditions dans lesquelles sont effectuées celles-ci qui indignent tout le monde. Les migrants sont dépouillés des maigres biens qu'ils possèdent (argent, téléphone, etc.) puis largués en plein désert dans le no man’s land entre l’Algérie et le Niger. Ils doivent faire un long chemin à pied pour rallier les localités nigériennes les plus proches et beaucoup périssent lors de cette traversée.
En outre, selon les dirigeants nigériens, si un accord existe entre les deux pays en ce qui concerne les expulsions, le Niger se plaint aussi qu’Alger expulse sur son territoire d’autres ressortissants subsahariens. En effet, en septembre dernier, Alger avait expulsé des Nigérians, des Soudanais, des Maliens, et des ressortissants d'autres nationalités en situation irrégulière via le Niger.
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«Bien évidemment, cela nous pose des problèmes d’accueil. Nous n’avons pas suffisamment d’installations pour les gérer. En plus, ils arrivent dans un tel dénuement que vous comprenez bien à quel point la question humanitaire est criante. Je suis surpris que ces Africains transitent par nos frontières alors que, selon moi, ils devraient tous être envoyés chez eux par des voies appropriées, plutôt que de nous être envoyés ici», a déclaré, à RFI, Sadou Soloké, gouverneur de la région d’Agadez. L’incompréhension est d’autant plus grande chez les Nigériens qu’Alger qui a une frontière commune avec le Mali a expulsé plus de 300 Maliens la semaine dernière via le Niger.
À ce titre, les protestations de Niamey semblent porter leurs fruits. Alger aurait «accepté» de renvoyer les migrants d’autres nationalités directement dans leurs pays d'origine, sans passer par le Niger.