Libye. Amnesty International accuse les gouvernements européens

Le 12/12/2017 à 19h31, mis à jour le 13/12/2017 à 10h01

Amnesty International a accusé mardi les gouvernements européens d’être “complices” de la détention des migrants dans des conditions épouvantables en Libye.

“Les gouvernements européens ne sont pas seulement pleinement au courant de ces abus, mais ils en sont complices”, a ajouté John Dalhuisen, directeur pour l'Europe à Amnesty International. “Ils doivent repenser leur coopération avec la Libye en matière d’immigration et permettre aux personnes de se rendre en Europe par les voies légales, notamment en réinstallant des dizaines de milliers de réfugiés”.

Ils “doivent insister pour que les autorités libyennes mettent fin aux arrestations arbitraires et à la détention de réfugiés et de migrants”, a ajouté Dalhuisen, appelant à la libération “immédiate” de tous les ressortissants étrangers détenus dans les centres de détention en Libye. “Depuis fin 2016, les États membres de l’UE – notamment l’Italie – ont mis en œuvre une série de mesures visant à fermer la route migratoire via la Libye et la Méditerranée centrale, sans se soucier des conséquences pour les personnes bloquées” en Libye.

Selon Amnesty International, les gouvernements européens ont fourni à la Libye une assistance au département qui gère les centres de détention en Libye, et ont formé et fourni des équipements aux garde-côtes libyens pour qu’ils interceptent les migrants en mer. “Les réfugiés et les migrants interceptés par les garde-côtes libyens sont envoyés dans des centres de détention où ils subissent des traitements horribles”.

“Jusqu‘à présent, 20.000 personnes restent confinées dans ces centres de détention surpeuplés et insalubres”.

Après le scandale international né de la diffusion d’images de marchés aux esclaves en Libye, l’Union africaine a annoncé la semaine dernière son intention de rapatrier dans leur pays d’origine ces 20.000 migrants, dans les six prochaines semaines.

Ces centres sont officieusement sous le contrôle du gouvernement d’union nationale appuyé par la communauté internationale. Des milliers d’autres migrants sont détenus dans d’autres centres tenus par des milices en dehors de tout contrôle.

Amnesty International dit avoir interrogé des dizaines de migrants et réfugiés qui se sont exprimés sur les “abus dont ils ont été victimes ou dont ils ont été témoins”, citant notamment la détention arbitraire, la torture et le travail forcé.

Selon ces témoignages, les migrants ont confié avoir été torturés par les gardes dans les centres de détention en vue de leur extorquer de l’argent. “S’ils peuvent payer, ils sont libérés et remis aux trafiquants qui se chargent de leur départ de la Libye”. L'organisation accuse également des gardes-côtes d’implication dans le trafic.

Un migrant gambien ayant été détenu pendant trois mois a raconté à Amnesty comment il avait été affamé et battu dans un centre de détention. “Ils m’ont frappé avec un tuyau en caoutchouc, parce qu’ils veulent de l’argent pour me libérer. Ils appellent la famille en te frappant pour que celle-ci envoie de l’argent”, a raconté ce migrant.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 12/12/2017 à 19h31, mis à jour le 13/12/2017 à 10h01