Sierra Leone. Ebola: deux agents de santé traînent leur gouvernement devant la Cour de justice de la CEDEAO

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Le 17/12/2017 à 08h32, mis à jour le 17/12/2017 à 11h53

Deux agents de santé de la Sierra Leone, soutenus par la société civile du pays, ont porté plainte contre leur gouvernement devant la Cour de justice de la CEDEAO. Ils pointent une mauvaise gestion des fonds destinés à la lutte contre Ebola.

Les deux plaignants sont de ceux qui avaient attrapé le virus parmi les 35.000 personnels de santé qui ont lutté contre le virus en 2014 et 2015. Ils estiment que le ministère de la Santé et l'administration du pays n'ont pas été rigoureux dans le contrôle des passations de marché et dans les audits sur la gestion des fonds, ce qui a entraîné "un plus grand nombre de décès dus au virus Ebola".

"La mauvaise gestion et la perte éventuelle de fonds destinés à la riposte au virus Ebola ont directement porté atteinte aux droits des plaignants à la vie et à la santé", a estimé pour sa part, l'organisation de la société civile sierra-léonaise citée par l'AFP.

Les deux agents de santé, qui défendent leurs droits à la vie et à la santé, réclament des dommages et intérêts d'un montant indéterminé pour eux-mêmes et pour toute personne qui serait dans une situation similaire.

Il s'agit de la première procédure judiciaire depuis que la Croix-Rouge a révélé avoir découvert des preuves de "collusion probable" entre certains de ses employés et une banque en Sierra Leone ayant entraîné une perte financière potentielle de 2,15 millions de dollars pour la lutte contre Ebola.

De possibles cas de détournement en Guinée et au Libéria auraient également coûté 3,9 millions de dollars, selon la Croix-Rouge. Dans ces deux pays, aucune procédure judiciaire n'a été engagée contre qui que ce soit. Toutefois, en Guinée, bien avant les révélations de la Croix-Rouge, un cadre du ministère de la Santé et un agent de la Commission nationale de lutte contre Ebola ont été condamnés en juillet 2016 pour détournement de 55.000 dollars destinés à un programme de formation.

Entre 2014 et 2015, les trois pays de la Mano River ont traversé la plus grave épidémie d'Ebola depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976. L'épidémie a fait plus de 11.300 morts, un bilan toutefois sous-évalué selon l'OMS.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 17/12/2017 à 08h32, mis à jour le 17/12/2017 à 11h53