Côte d'Ivoire: des drones pour surveiller le réseau électrique

DR

Le 23/03/2018 à 11h00, mis à jour le 23/03/2018 à 11h07

La Compagnie ivoirienne d'électricité utilise des drones pour la surveillance de son réseau électrique de 25.000 km de lignes à haute-tension. L'usage des drones présente d'indéniables avantages.

"Les drones, c'est devenu ma passion", confie Noursely Doumbia, diplômé d'électrotechnique et élève-pilote de drone à la Compagnie Ivoirienne d'électricité (CIE), qui vient de lancer un programme pionnier en Côte d'Ivoire.

Courante en Europe, l'inspection par des drones est encore nouvelle en Afrique de l'Ouest. Pour améliorer la surveillance de son réseau et réduire ses coûts, la CIE, filiale du groupe franco-africain Eranove, a ouvert une "drone academy" à Abidjan.

Objectif : former une vingtaine de pilotes locaux pour inspecter ses 25.000 km de lignes à haute-tension.

"On a beaucoup de problèmes avec la végétation, il faut contrôler tout le temps et c'est très dur parce que c'est étalé sur tout le pays", explique Benjamin Mathon, pilote, responsable des vols de drone et formateur des jeunes à la CIE.

Pistes en terre impraticables en saison de fortes pluies, végétation tropicale luxuriante par endroits, faible réseau routier... l'accès aux pylônes électriques est souvent difficile dans ce pays de 322.000 km2, les deux tiers de la France.

Après le survol d'une zone par un drone muni de caméras et de capteurs (thermiques, lasers...), "on utilise des logiciels d'intelligence artificielle qui analysent automatiquement les images pour détecter tous les défauts, un boulon rouillé sur un pylône, un câble cassé…", explique M. Mathon. "Le drone nous permet d'analyser en peu de temps un grand nombre de lignes, sur de grandes distances".

La formation dispensée aux jeunes par la CIE comprend non seulement le pilotage, le montage et la réparation des drones, mais aussi la maîtrise de nombreux logiciels permettant l'analyse des images et des données, la géolocalisation et la cartographie.

"C'est un saut technologique important pour la CIE" et ses 4.500 employés, estime son directeur général Dominique Kakou qui souligne que les drones permettent "d'inspecter nos ouvrages et d'assurer leur sécurité de manière beaucoup plus fine, et aussi d'optimiser nos coûts".

Drone contre hélicoptère

"Avant, toutes les inspections se faisaient soit à pied soit en hélicoptère", précise Benjamin Mathon. "L'hélicoptère c'est onéreux, à pied envoyer les équipes dans des endroits difficiles d'accès, ça peut créer des problèmes".

Les calculs sont vite faits: un hélicoptère coûte 500.000 euros à l'achat et 1.200 euros l'heure de vol contre 2.000 à 100.000 euros pour l'achat d'un drone dont le coût de vol est négligeable et l'entretien très simple.

La compagnie vise une amélioration de sa qualité de service, en réduisant son temps moyen de coupure (encore relativement fréquentes dans certaines zones du pays) pour ses 1,3 million d'abonnés ivoiriens, ainsi que pour ses exportations vers les pays voisins (Ghana, Togo, Bénin, Burkina et Mali).

La Côte d'Ivoire a lourdement investi dans la reconstruction de son réseau électrique depuis la fin en 2011 d'une décennie de crise politico-militaire, et les autorités projettent d'investir encore 16 milliards d'euros dans le secteur d'ici 2030.

"Le domaine de l'électricité évolue très vite, nous devons aller vers les nouvelles technologies et l'innovation", insiste le directeur général Dominique Kakou, qui rappelle que la CIE développe aussi des solutions de paiement électronique et l'électricité solaire.

Le "plus" de la drone academy, c'est qu'elle est ouverte à toutes les entreprises d'Afrique de l'Ouest: les compagnies électriques, mais aussi les entreprises d'autres secteurs, comme l'agro-industrie ou les mines, qui peuvent utiliser les drones, explique Paul Giniès, directeur du Centre des métiers de l'électricité, le pôle formation de la CIE.

"Ces nouveaux métiers sont des vecteurs d'insertion pour les jeunes. Je suis sûr que les jeunes Africains vont se saisir de cela et nous étonner en développant des applications auxquelles on n'a pas pensé, c'est leur génération", s'enthousiasme Giniès.

Alice Kouadio, une autre élève-pilote de la première promotion, n'en doute pas : "Le monde du drone, c'est prometteur pour demain".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 23/03/2018 à 11h00, mis à jour le 23/03/2018 à 11h07