Cameroun. la France déconseille les régions anglophones à ses ressortissants

Depuis un an, les violences secouent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays.

Depuis un an, les violences secouent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays.. DR

Le 27/03/2018 à 16h10, mis à jour le 27/03/2018 à 16h11

Cette mesure préventive s’explique par la dégradation de la situation sécuritaire dans ces deux régions, selon l’ambassade de France au Cameroun qui craint des attaques contre ses ressortissants, après le décès d’un ingénieur tunisien enlevé et tué par ses ravisseurs.

Après les Etats-Unis, c’est au tour de la France de restreindre les voyages de ses ressortissants dans les régions anglophones du Cameroun, en proie à une crise sociopolitique et sécuritaire depuis octobre 2016. «Les déplacements dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont désormais déconseillés aux voyageurs, sauf raison impérative», écrit l’ambassadeur de France au Cameroun, Gilles Thibault, dans un tweet publié le 26 mars sur son compte officiel.

Cette mesure préventive, apprend-on, s’explique par la dégradation de la situation sécuritaire dans ces deux régions depuis la fin de l’année 2017.

«Pour tout déplacement dans ces deux régions, qui ne saurait être entrepris que pour des raisons impérieuses, il convient de solliciter une escorte de la Gendarmerie ou du BIR (unité d’élite de l’armée camerounaise, NDLR)», car «ces deux régions connaissent une insécurité croissante», recommande la France à ses citoyens.

Les Français qui souhaitent néanmoins se rendre dans le Nord-Ouest ou le Sud-Ouest malgré ces mises en garde doivent notamment respecter les couvre-feux décidés par les autorités publiques dans lesdites régions, se tenir à l’écart des rassemblements ou encore éviter de se déplacer de «façon ostensible» pendant les «journées villes mortes», peut-on lire sur le site de l’ambassade française.

Les séparatistes anglophones semblent avoir monté d’un cran leurs attaques, avec l’enlèvement d’officiels et de civils camerounais, ainsi que l’assassinat d’étrangers. Un ingénieur tunisien enlevé le 15 mars par des séparatistes anglophones sur le chantier de construction de la route Kumba-Isanguele (Sud-Ouest) a été tué par ses ravisseurs lors d’une opération de sauvetage menée cinq jours plus tard par l’armée camerounaise.

Le 19 mars, le président du conseil d’administration du GCE Board, structure chargée de l’organisation des examens officiels dans le sous-système éducatif anglophone, a été libéré après avoir passé 48h aux mains des sécessionnistes dans la région du Sud-Ouest. Le sous-préfet de Batibo et le délégué régional du ministère des Affaires sociales, enlevés le mois dernier dans le Nord-Ouest, sont toujours introuvables.

Pendant ce temps, après le Nord-Ouest où il était allé transmettre les félicitations et les remerciements du chef de l’Etat aux autorités administratives et aux forces de l’ordre pour leur «professionnalisme» dans la gestion de la crise anglophone et rassurer les populations, le ministre de l’Administration territoriale continue sa tournée de «sensibilisation et de dialogue» cette semaine dans le Sud-Ouest.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 27/03/2018 à 16h10, mis à jour le 27/03/2018 à 16h11