Incarnation, avec son ancien mari, de la lutte de "libération" de la majorité noire du pays contre la ségrégation raciale, Winnie Mandela est décédée lundi à 81 ans à Johannesburg des suites "d'une longue maladie".
Pour la deuxième journée consécutive, célébrités et anonymes se sont succédé mardi devant sa modeste maison en briques rouges du township noir de Soweto pour présenter leurs condoléances.
Quelques heures après l'annonce de sa mort, le président sud-africain et patron du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) Cyril Ramaphosa avait ouvert le défilé en venant saluer une "voix du défi et de la résistance". Un hommage officiel et national doit lui être rendu le 14 avril dans un stade tout proche.
Le trublion de la gauche radicale Julius Malema lui a emboîté le pas mardi, escorté de centaines de militants aux couleurs rouges de son parti, les Combattants pour la liberté économique (EFF).
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"Parce que Mama (Winnie) vivait au milieu de son peuple et parce qu'elle ne la jamais trahi, ils lui ont donné le titre de Mère de la Nation", a-t-il lancé à ses partisans, "c'est ce que nous sommes venus célébrer ici, la vie de quelqu'un qui n'a jamais pris de haut les Noirs et les masses pauvres".
Peur d'elle
Malema, devenu ces dernières années le confident de Winnie Mandela, a également répondu à tous ceux qui ont, à l'annonce de son décès, rappelé que son image avait été ternie par ses positions très radicales et ses appels à la violence.
"Ils avaient peur d'elle. Même après sa mort ils ont peur d'elle et c'est pour ça qu'ils continuent à l'insulter, c'est pour ça qu'ils continuent à la présenter sous un jour que nous ne connaissons pas", a-t-il déploré, "mais les masses connaissent la vérité".
Dans son discours le plus controversé, en 1986, Winnie Mandela avait appelé à "libérer ce pays avec des allumettes", une référence au supplice du "collier" enflammé autour du cou des "traîtres".
Winnie s'était aussi entourée d'un groupe de jeunes hommes qui formaient sa garde rapprochée, le "Mandela United Football Club", dont les méthodes musclées défrayaient la chronique.
En 1991, elle est condamnée à six ans de prison pour complicité dans l'enlèvement et le meurtre d'un jeune militant de l'ANC, Stompie Seipei. Sa peine est commuée en simple amende.
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"Quelque chose a terriblement mal tourné", avait déploré il y a quelques années à son sujet l'ex-archevêque et prix Prix Nobel de la paix Desmond Tutu.
Ces accusations, ses frasques de femme de caractère et son discours violent ont eu raison du mariage de Winnie avec Nelson Mandela, devenu en 1994 le premier président noir de l'histoire du pays. Leur divorce est prononcé en 1996.
Leçons de sa vie
Leur photo, main dans la main à la sortie de prison de son mari en 1990 et qui symbolisait leur victoire contre l'apartheid, appartient désormais au passé. A sa mort en 2013, Nelson Mandela, entre temps remarié avec Graça Machel, ne lui a rien légué. Winnie a porté l'affaire devant la justice, en vain.
Haut responsable de l'ANC et ministre du gouvernement, Zweli Mkhize a préféré célébrer mardi une Winnie plus consensuelle.
"Nous perdons les derniers combattants de la liberté de la première heure et je crois que ce que nous devons faire, c'est de retenir les leçons de sa vie", a-t-il dit devant la presse après avoir rendu visite à la famille de la défunte.
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"Quand elle faisait face au gouvernrment de l'apartheid, elle n'avait pas peur", a insisté Mkhize, "et même entre nous, elle n'a jamais hésité à critiquer ce qui ne marchait pas".
La ligue des femmes de l'ANC, que Winnie Mandela a dirigé dans le passé, devait à son tour lui rendre hommage mercredi en organisant une marche jusqu'à son domicile.
Une de ses dernières apparitions publiques remonte à la dernière conférence de l'ANC en décembre à Johannesburg, où elle avait été saluée par des applaudissements nourris.
Quelques semaines plus tard, elle était hospitalisée pour une infection rénale et épuisement. Elle en était sortie une dizaine de jours plus tard, avant d'y être de nouveau admise ce week-end.