Plus de 4.000 enfants sont victimes de traite à des fins sexuelles au Cameroun. L’information figure dans un rapport rendu public par le ministère des Affaires sociales lundi 14 mai 2018 à Yaoundé, la capitale. On y apprend ainsi que 36% des victimes sont âgées de moins de 13 ans. Le phénomène est plus présent dans les régions septentrionales du pays (l’Extrême-Nord, le Nord et l’Adamaoua) qui concentrent à elles seules 32,4% des victimes.
Les mariages précoces et forcés sont des pratiques courantes dans ces régions. Si ce rapport apporte des informations sur la nature de la traite des enfants, il faut cependant noter que l'ampleur du phénomène reste mal connue, car difficile à quantifier du fait de son caractère clandestin. «Il existe plus de statistiques fiables sur le travail des enfants que sur le phénomène de la traite» au Cameroun, selon l’ONG Cercle international pour la promotion de la création (CIPCRE) qui avait commandité une enquête sur le sujet en 2008.
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Le pays reste par ailleurs une plaque tournante du trafic d’enfants. Cela s’explique par la position géographique du Cameroun qui fait de lui un pays de destination pour des enfants victimes de la traite venant des pays voisins, et un point de transit pour l’Europe, d’après de nombreux experts. Le pays a pourtant mis sur pied un cadre juridique visant à protéger les enfants. On peut citer la loi du 29 décembre 2005 relative à la lutte contre le trafic et la traite des enfants.
Cette loi sera abrogée six ans plus tard pour laisser place à la loi du 14 décembre 2011 relative à la lutte contre le trafic et la traite des personnes. Si la loi de 2011 définit ce qu’est le trafic des êtres humains, «elle ne reflète pas la définition de la traite établie au niveau international contenue dans le protocole de Palerme (protocole additionnel à la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, NDLR)», regrettait le président de la Commission nationale des droits de l’Homme et des libertés, Chemuta Divine Banda.
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Le Cameroun a signé ledit protocole le 13 décembre 2000, avant de le ratifier le 6 février 2006. Le pays est également signataire de divers traités internationaux, à l’exemple de la Convention internationale des Nations unies relative aux droits de l’enfant (CDE).
Malgré cela, le Cameroun peine à juguler le phénomène qui va grandissant dans le pays. Mais pour les autorités publiques, la lutte contre la traite des enfants est l’affaire de tous. «Chacun dans son secteur constitue un réel motif d’espoir et augure d’une implication effective de tous les maillons de la société camerounaise pour y mettre un terme», a déclaré la ministre des Affaires sociales, Pauline Irène Nguene, vendredi dernier, lors d’un colloque national sur la traite et le trafic des personnes qui se tenait à Yaoundé.