Cameroun: l’armée interdit l’usage des téléphones androïdes aux soldats sur le terrain

dR

Le 21/06/2018 à 09h13, mis à jour le 21/06/2018 à 10h03

Le secrétaire d’Etat chargé de la gendarmerie nationale vient de proscrire l’usage des téléphones androïdes dans toute situation d’engagement opérationnel. Cette mesure vise à juguler le phénomène de fuite des images sensibles et des informations stratégiques de l’armée sur les réseaux sociaux.

Les militaires camerounais n’ont plus le droit de faire usage de leurs téléphones portables lors d’opérations sur le terrain. Décision prise par le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense chargé de la gendarmerie nationale. «Les usages des téléphones androïdes sont impérativement proscrits dans toute situation d’engagement opérationnel», écrit Galax Yves Landry Etoga, dans un message fax du 15 juin 2018.

Cette mesure se justifie par la publication de photos sensibles des forces armées et/ou la divulgation de certaines informations stratégiques sur Internet, via notamment les réseaux sociaux tels Facebook et les forums de discussion créés par certaines promotions ou contingents de l’armée, peut-on lire sur le document qui a fuité sur la Toile.

Toutes choses «contraires à l’éthique, au devoir de réserve (et) à la protection du secret», rappelle le patron de la gendarmerie nationale pour qui ces actes s’apparentent à de l’indiscipline.

En mai dernier, une vidéo montrant un sécessionniste violenté par les forces de l’ordre a fait le buzz sur les réseaux sociaux. La scène avait visiblement été filmée par un soldat, avant d’atterrir sur Internet.

Face au tollé suscité par ces images, le ministre de la Défense avait ouvert une enquête «pour identifier et le cas échéant, sanctionner les auteurs de ces agissements» qui écornent l’image de l’armée camerounaise, accusée notamment par des organisations de défense des droits de l’Homme, dont Amnesty International, d’exactions dans le conflit qui l’oppose aux séparatistes dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Pour empêcher ainsi les réseaux sociaux de s’infiltrer négativement dans les affaires de l’armée, les soldats disposant de compte sur Facebook et «dans des réseaux sociaux apparentés» sont sommés de supprimer leur profil identifiant leur statut militaire.

Par ailleurs, la création et le fonctionnement des forums de promotions, assimilés aux associations ou amicales des personnels de la gendarmerie nationale, sont désormais subordonnés à «une autorisation préalable expresse de la hiérarchie», annonce Galax Yves Landry Etoga. Ce dernier invite par conséquent les administrateurs des forums existants à mettre un terme à leur existence, sous peines de sanctions.

Il faut noter que dans son devoir de défense de l’intégrité territoriale du pays, l’armée camerounaise est confrontée ces derniers temps à la percée des réseaux sociaux. Lesquels, dans ce contexte de lutte contre le terrorisme, peuvent aussi être considérés comme un nouveau champ de bataille.

Le problème se pose avec d’autant plus d’acuité que, d’après les statistiques, les tranches d’âge les plus actives sur Facebook (les 18-25 ans et les 26-34 ans, respectivement 35 % et 20 % des utilisateurs), sont nombreuses dans l’armée. Ce, du fait notamment des rajeunissements et recrutements opérés.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 21/06/2018 à 09h13, mis à jour le 21/06/2018 à 10h03