Gambie: le gouvernement condamne les propos "choquants" de l'ex-président

Yaya Jammeh et celle qui sera bientôt son ex femme Zeinab Suma

Yaya Jammeh et celle qui sera bientôt son ex femme Zeinab Suma. DR/

Le 19/07/2018 à 18h50

Le gouvernement gambien a jugé jeudi "choquants" des propos de l'ex-président Yahya Jammeh, qui dans une conversation téléphonique ayant fuitée sur les réseau sociaux a laissé entendre qu'il envisageait de faire son retour au pays.

"Aucun homme ou djinn (esprit) ne peut m'empêcher de revenir en Gambie", peut-on entendre dire sur cet enregistrement de l'ex-homme fort de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.

Jammeh, au pouvoir pendant 22 ans, ne s'est pas exprimé publiquement depuis son départ pour un exil doré en Guinée équatoriale en janvier 2017.

Dans un communiqué, le gouvernement a qualifié de "choquantes et subversives" ces déclarations, faites en juin lors d'une conversation entre Jammeh et des responsables de l'ex-parti au pouvoir restés en Gambie. Il a promis qu'il agirait de manière déterminée et à la hauteur du bilan de l'ex-président, fait de "disparitions orchestrées par l'Etat, de kidnappings et de meurtres".

"Ces enregistrements dévoilent en détails les efforts désespérés de l'ancien président pour rester politiquement pertinent en Gambie alors que la terreur et les crimes économiques qu'il traîne derrière lui sont examinés dans la perspective de possibles procès", selon le communiqué.

L'Alliance patriotique pour la réorientation et la reconstruction (APRC), ancienne formation de Yahya Jammeh, avait annoncé mardi "enquêter" sur la manière dont cette conversation téléphonique avait fuité le week-end dernier sur les réseaux sociaux. "L'enregistrement démontre que Jammeh est en bonne santé puisqu'on l'entend rire et plaisanter", avait estimé le porte-parole du parti, Dodou Jah.

Ancien militaire, Yahya Jammeh était parvenu au pouvoir par un putsch sans effusion de sang en 1994 dans cette ex-colonie britannique enclavée dans le Sénégal, à l'exception d'une étroite façade côtière.

Yahya Jammeh, dont les 22 ans au pouvoir ont été marqués par de nombreuses violations des droits humains, a perdu l'élection présidentielle de décembre 2016 face à Adama Barrow, candidat de l'opposition.

Il a fini par quitter son pays en janvier 2017 à la suite d'une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), au terme d'une crise à rebondissements, provoquée par son refus de céder le pouvoir. M. Jammeh conserve toutefois des partisans en Gambie, où son parti a remporté 18 circonscriptions sur 120 lors d'élections locales en avril.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 19/07/2018 à 18h50