Le curé de la paroisse Sacré-Cœur de Bomaka à Buea, capitale de la région anglophone du Sud-Ouest, a été tué en fin de semaine dernière par des «individus non identifiés». L’annonce est faite par le diocèse de Buea dans un communiqué rendu public le 21 juillet dernier. «C'est avec un cœur lourd et une grande tristesse que nous annonçons le rappel à Dieu de notre prêtre bien-aimé, le révérend Alexander Nougi Sob, un prêtre de notre église locale qui a été abattu vendredi 20 juillet 2018 à Muyuka», indique le document signé par le vicaire général du diocèse de Buea, le révérend Asek Bernard.
Le communiqué ne précise toutefois pas les circonstances à l’origine de cette mort qui endeuille l’Eglise catholique romaine. Des informations concordantes indiquent toutefois que le père Sob a été pris dans un feu croisé entre les forces de sécurité et des hommes armés dans la zone sur la route reliant la ville de Muyuka à Buea.
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Le prélat a reçu deux balles, dont une en plein cœur. Il est décédé sur la route de l’hôpital de Muyuka. Les images de son corps mutilé ont fait le tour des réseaux sociaux, choquant plus d’un. «Nous avons reçu des photographies du corps du prêtre décédé», a précisé un chargé de communication de l'Eglise catholique à Yaoundé, la capitale, dans des propos rapportés par la presse locale et étrangère.
Ce dernier a également indiqué que les auteurs de ce meurtre «restent inconnus» à l’heure actuelle. Les messages de condoléances ne cessent d’affluer depuis l’annonce de la mort du père Sob. L’indignation monte également du côté des chrétiens. «Je suis très indignée par ces actes de violence à l'endroit des innocents, car c’est de cela qu'il s'agit. Bien plus sur les hommes d'Eglise qui sont le seul recours pour une éventuelle négociation entre les différentes parties», s’exaspère Ruth, une fidèle catholique.
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Dans son rapport d’avril 2018, International Crisis Group (ICG) déclarait que le clergé pouvait aider à la résolution de la crise anglophone s'il parvenait à «surmonter ses divisions» pour se «positionner comme arbitre impartial».
Présente dans chacune des 10 régions du Cameroun, l’Eglise catholique «est l’une des institutions les plus solides du pays. Près d’un tiers des Camerounais sont catholiques, et l’Eglise dispose d’un dense réseau d’écoles et d’hôpitaux.
«Les Camerounais la prennent très au sérieux», justifiait le centre d’analyses géopolitiques belge, qui regrettait cependant les «positions divergentes» prises par le clergé sur cette crise.