Cameroun. Crise anglophone: le gouvernement réfute les allégations d’Amnesty International

Violences dans les régions anglophones du Cameroun.

Violences dans les régions anglophones du Cameroun.. DR

Le 18/06/2018 à 14h32, mis à jour le 18/06/2018 à 14h33

Le gouvernement camerounais rejette le dernier rapport d’Amnesty International qui accuse l’armée de violences et d’atteintes aux droits humains dans les régions anglophones. Les autorités publiques accusent par ailleurs l'ONG de «harcèlement et de déstabilisation» du pays dans cette lutte.

Le gouvernement camerounais «rejette avec la plus grande fermeté» le dernier rapport d’Amnesty International sur la violence et atteintes aux droits humains dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans son rapport publié le 12 juin 2018, l’organisation de défense des droits humains affirme que «les forces de sécurité ont tué aveuglément, arrêté et torturé des personnes lors d’opérations qui ont fait des milliers de déplacés» dans cette partie du pays, en proie à des tensions depuis octobre 2016.

«L'édition 2017-2018 du rapport d'Amnesty International est entachée de grossiers mensonges, de déductions hâtives, de manœuvres diffamatoires inadmissibles qui s'inscrivent dans une stratégie de harcèlement et de déstabilisation de notre pays dans la lutte qu'il mène contre le péril terroriste», a déclaré en fin de semaine dernière, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.

Ce «pseudo-rapport» ne «constitue qu'un tissu d'approximations et d'allégations mensongères», a ainsi réagi Issa Tchiroma Bakary, jeudi 14 juin 2018. Concernant les exactions imputées à l’armée camerounaise, le ministre de la Communication assure que les forces de défense et de sécurité n’ont fait qu’assurer la protection des populations et des biens contre des «bandes terroristes se réclamant des mouvements sécessionnistes et bénéficiant d'importants soutiens à l'étranger».

Le gouvernement remet également en cause la «méthodologie utilisée» dans ce rapport, qui se fonde notamment sur des images satellites qui montrent des villages brûlés et saccagés par l’armée. «Encore faudrait-il démontrer par qui ces violences ont été perpétrées. Les forces de défense disposent quant à elles de preuves irréfutables montrant que des forfaits commis par les terroristes sont ensuite instrumentalisés pour faire croire le contraire, tentant ainsi de transformer les bourreaux en victimes», contre-attaque le ministre de la Communication.

«Ce n'est pas la première fois que Amnesty International se fourvoie de la sorte dans sa méthodologie et l'interprétation de différents constats qu'elle est amenée à faire», soutient Issa Tchiroma Bakary, qui dénonce un nouveau «rapport à charge» contre le Cameroun et son armée dans le cadre de la situation sécuritaire qui prévaut dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Face à la presse, ce dernier a rassuré les populations que la situation dans ces régions «reste suivie pour un retour rapide à la normale».

L’on apprend que le président de la République vient d'instruire la mise en œuvre d'un plan national de solidarité à l'endroit des populations desdites régions. A cet effet, «dans les tout prochains jours, une mission gouvernementale ira à la rencontre de nos compatriotes réfugiés au Nigeria afin de créer des conditions de leur retour dans leurs localités respectives».

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 18/06/2018 à 14h32, mis à jour le 18/06/2018 à 14h33