Nigeria: le gouvernement s’inquiète de la bombe démographique

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Le 25/10/2018 à 14h09, mis à jour le 25/10/2018 à 14h12

Le pays le plus peuplé du continent africain réfléchit actuellement à limiter ses naissances, mais la tâche demeure ardue à cause du poids des traditions et des religions. Face aux échecs précédents, les chefs traditionnels et les guides religieux sont mis à contribution.

Avec plus de 186 millions d’habitants, le Nigeria est de loin le pays le plus peuplé d’Afrique. Certains chiffres avancent même que la population nigériane frôlerait la barre des 200 millions d’habitants. Et selon les projections, la population du Nigeria devrait atteindre 400 millions d’habitants à l’horizon 2050 et devenir le 3e pays le plus peuplé au monde derrière l’Inde et la Chine, et devant les Etats-Unis et l’Indonésie.

La situation démographique de la première puissance économique du continent semble commencer à inquiéter les autorités politiques.

En effet, cette explosion démographique va se traduire par des défis énormes en termes d’offre d’éducation, de santé et d’emploi.

Déjà, actuellement, le taux de chômage se situe autour de 20% et 45% des diplômés du pays sont au chômage. Une véritable bombe à retardement.

Face à cette situation, les autorités nigérianes semblent prendre au sérieux cette bombe démographique à retardement. Seulement, se pose le problème de la voie à suivre pour arriver à une limitation des naissances avec le soutien de la société et des religieux.

Conscient que sans le soutien des chefs traditionnels et des guides religieux qui ont une très forte influence sur la société, le projet de limitation des naissances est voué l’échec, sollicitent ces autorités morales du pays.

«Nous espérons qu’avec leur soutien, nous parviendrons à une politique qui limite le nombre d’enfants qu’une mère peut avoir parce que c’est important pour soutenir notre croissance», a souligné Zainab Ahmed, ministre des Finances du Nigeria, lors du sommet économique annuel du pays. 

Toutefois, face à l’opposition de certains religieux à toute politique de limitation des naissances, la ministre a fini par clarifier sa position en soulignant «encourager les femmes à prendre plus de temps entre deux grossesses», sans pour autant limiter le nombre d’enfants.

Il faut dire que le sujet est très sensible. Ainsi, la tentative de l’ancien président Ibrahim Babangida (1985-1993) de mettre en place une politique de contrôle des naissances a été échec. N’ayant pas tenu compte des sensibilités culturelles, sociales et religieuses, l’initiative a été très mal accueillie. A l’époque, le président nigérian avait souhaité limiter à 4 enfants au maximum par couple.

L’ancien président Goodluck Jonathan (2010-2015) avait également prôné, en juin 2012, une limitation de naissances en demandant aux nigérians «d’avoir le nombre d’enfants qu’ils peuvent élever», en s’adressant aux membres du bureau de la Commission nationale de la population.

«Nous sommes un peuple très religieux (…) C’est un sujet sensible», a t-il reconnu, en expliquant que «chrétiens comme musulmans, ainsi que traditionnalistes et autres religions croient que les enfants sont des dons de Dieu (…) Aussi est-il difficile pour un Nigérian de compter le nombre de ses enfants … car il ne doit pas rejeter un don de Dieu».

Bref, l'explosion démographique au Nigeria a encore de beaux jours devant elle... 

Par Kofi Gabriel
Le 25/10/2018 à 14h09, mis à jour le 25/10/2018 à 14h12