Cameroun: plus de 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de la pauvreté

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Le 15/12/2018 à 10h56, mis à jour le 15/12/2018 à 17h38

Sur une population estimée à 21,65 millions d'habitants en 2014, 37,5% de Camerounais ne sont pas capables de disposer de 931 francs CFA (1,42 euros) par jour pour satisfaire leurs besoins essentiels.

Sur une population estimée à 21.657.488 personnes en 2014, 37,5% sont pauvres. Soit 8.088.876 de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté qui est de 339.715 francs CFA par équivalent adulte et par an, selon les résultats de la quatrième Enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 4) que vient de publier l’Institut national de la statistique (INS).

Il s’agit notamment de personnes qui ne sont pas capables de disposer de 931 francs CFA par jour et par équivalent adulte pour satisfaire leurs besoins essentiels, comme se nourrir et subvenir aux besoins non alimentaires. Ce taux était de 39,9% en 2007, contre 40,2% en 2001 et 53% en 1996.

Cette «baisse modérée» de 2,4 points de pourcentage est cependant en deçà du rythme préconisé dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) et ne permet pas d’atteindre l’Objectif de réduire de moitié la pauvreté à l’horizon 2015, suivant l’Agenda des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), reconnaît l’enquête.

Il faut également noter que cette baisse de la pauvreté est mitigée, car si l’incidence de la pauvreté recule en milieu urbain, elle augmente plutôt en milieu rural. En effet, le profil de pauvreté qui se dégage montre que les populations rurales sont les plus touchées. Comme en 2007, les pauvres au Cameroun en 2014 vivent principalement en milieu rural, soit 90,4% du total de la population pauvre.

Corruption

Les régions d’enquête qui concentrent la majorité des pauvres sont l’Extrême-Nord (35,8%), le Nord (20,1%) et le Nord-Ouest (13,2%). La plupart résident dans les ménages ayant plus de 8 personnes (48%) et dans ceux dont le chef est non scolarisé (46,9%). L’enquête révèle que les personnes non scolarisées constituent l’essentiel des pauvres.

Suivant la déclaration des chefs des ménages pauvres, la situation financière de leur foyer est précaire puisqu’un peu plus de la moitié estime que la situation financière de leur ménage leur permet d’arriver juste à l’équilibre (égalité entre les dépenses et les revenus) et la quasi-totalité des ménages pauvres pensent avoir un revenu soit très instable ou à peu près stable.

Selon eux, les trois principales causes de la pauvreté sont par ordre d’importance décroissante : le manque d’emploi, la paresse et la corruption ou la mauvaise gestion.

Par ailleurs, l’analyse de l’accessibilité physique des populations aux infrastructures de base montre que le niveau de pauvreté des conditions de vie des ménages ne s’est pas sensiblement amélioré entre 2007 et 2014, notamment pour ceux vivant en milieu rural. «Le fait que la pauvreté reste encore un phénomène plus répandu en milieu rural, où 56,8% d’individus sont touchés contre 8,9% en milieu urbain, appelle à davantage d’actions en faveur du développement du monde rural», conclut l’enquête.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 15/12/2018 à 10h56, mis à jour le 15/12/2018 à 17h38