Dans un rapport intitulé "Récolter les morts: trois années d'affrontements sanglants entre agriculteurs et éleveurs", l'organisation de défense des droits humains estime que 2.000 personnes ont été tuées cette année seulement, et que des milliers d'autres ont dû quitter leur foyer.
"L'incapacité des autorités nigérianes à enquêter sur les affrontements et à traduire leurs auteurs en justice a alimenté l'escalade sanglante du conflit entre agriculteurs et éleveurs, qui a fait 3.641 morts au cours des trois dernières années", affirme Amnesty dans un communiqué.
Selon l'ONG, les attaques ont été les plus fréquentes dans l'Etat d'Adamawa, de Benue, de Kaduna, de Taraba et du Plateau, qui représentent la "ceinture fertile et centrale" du Nigeria.
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Amnesty a également accusé les forces de sécurité nigérianes de ne pas en faire assez pour mettre fin aux massacres, aux pillages ou en incendies de villages.
"Les forces de sécurité sont souvent positionnées à proximité des attaques, qui peuvent parfois durer plusieurs jours, mais sont trop lentes à réagir", assure le rapport.
"Le gouvernement nigérian a affiché une incompétence flagrante et manque à son devoir de protéger la vie de sa population", dénonce Osai Ojigho, directeur du programme nigérian d'Amnesty International. "Nos recherches montrent que ces attaques étaient bien planifiées et coordonnées, avec l'utilisation d'armes telles que des mitraillettes et des fusils AK-47", ajoute-t-il.
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Les éleveurs nomades, musulmans, et les agriculteurs sédentaires chrétiens sont en conflit depuis des années pour l'accès aux terres, mais les violences se sont largement aggravées ces dernières années, en raison de la poussée démographique, de la multiplication des conflits et de l'insécurité croissante dans le Nord, qui ont bloqué de nombreuses routes traditionnelles de pâturage.
"Le conflit a été dangereusement politisé par des responsables du gouvernement de l'État qui ont exacerbé les tensions en se lançant dans un jeu d'accusations ", dénonce le rapport d'Amnesty.
La situation sécuritaire est particulièrement préoccupante au Nigeria, alors que le président Muhammadu Buhari, ancien général de 76 ans, est en lice pour sa propre succession lors des élections générales de février.