Egypte: "2 kefaya" pour désamorcer la bombe démographique

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Le 04/01/2019 à 13h32, mis à jour le 04/01/2019 à 13h34

Avec ses 94 millions d'habitants, l'Egypte fait face à un terrible défi démographique. Les autorités ont donc décidé de mettre les bouchées doubles pour limiter les naissances.

Subvention pour les différents moyens de contraception, vaste campagne publicitaire, sensibilisation de proximité... Rien n'a été laissé au hasard par le gouvernement égyptien pour limiter les naissances et désarmorcer ce que Abdel Fattah Al-Sissi, le président égyptien a lui-même qualifié, en juillet 2017, de "première menace contre le pays", peut-être même devançant le terrorisme. 

"Two is enough", ou, en égyptien, "2 Kefaya", ou "deux enfants, c'est assez" est le message qui accompagne les spots publicitaires et autres affiches du gouvernement, appelant les Egyptiennes à limiter le nombre des enfants auxquelles elles donnent vie.

L'Egypte n'a pas voulu suivre l'exemple de la Chine, en légiférant fermement sur une limitation des naissances, mais le gouvernement a impliqué plusieurs ministères dans ces campagnes de sensibilisation pour que les objectifs soient atteints. 

Ainsi, l'essentiel de la communication est assuré par le ministères de la Solidarité sociale, alors que celui de la Santé s'occupe surtout de mettre à la disposition des familles des moyens contraceptifs. Quant au ministère des Finances, il mène une politique qui vise à ne plus soutenir les familles nombreuses.

Ainsi, la Solidarité sociale qui pilote le Programme "2 kefaya" entend pousser les femmes ayant déjà un enfant à opter pour l'espacement des naissances. Alors que celles qui en ont déjà deux ou trois, sont appelées à ne pas opter pour e choix d'une famille nombreuse.

Sur l'une des affiches dans le métro du Caire, on peut voir une père de famille avec un billet de 50 livres, avec la question suivante: "Préférez-vous diviser ça en 5 ou en 2?". 

Pour sa part, le ministère de la Santé offre une panoplie de contracetifs à des coûts dérisoires tant pour les hommes et que pour les femmes.

Ainsi, 8 préservatifs sont donnés dans les centres de santé et les hôpitaux publics à la modique somme d'une livre seulement, soit à peine 5 centimes d'euro.

La pose d'un implant pour les femmes, dont la durée est de 3 ans, ne coûte que 22 livres, soit 1 euro. Alors que le sterilet en cuivre est n'est posé que pour 17 livres, soit 85 centimes d'euro. Bref, tout a été prévu fait pour que l'accès aux contraceptifs soit le plus aisé possible! 

Mais cette quasi-gratuité bute contre la réticence de l'Egyptien moyen à se laisser convaincre à limiter le nombre de ses enfants.

Le combat n'est pas gagné d'avance, alors qu'un bébé égyptien vient au monde toutes les 15 secondes et que le pays compts déjà 94,5 millions d'habitants, en plus de 8 millions d'expatriés.

En termes de population, l'Egypte est le treizième pays le plus peuplé au monde et en Afrique, elle est dans le trio de tête, juste derrière le Nigeria avec ses 190 millions d'habitants et l'Ethiopie avec 105 millions d'habitants.

De plus, cinq millénaires après sa fondation, l'Egypte demeure un simple "don du Nil", pour reprendre la célèbre formule d'Herodote. En effet 90 millions d'Egyptiens vivent sur 7% du territoire que constitue les berges de ce fleuve, ce qui accentue d'autant plus la pression démographique.

Et, de plus, ce problème de taille: limiter les naissances dans un pays où l'avortement reste un crime reste problématique.

En effet, on se dirige vers des sanctions ou du moins des suppressions d'aide contre les familles ayant plus de trois enfants. Mais rien n'est fait pour qu'en cas de grossesse indésirée, les femmes puissent opter pour d'autres choix. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 04/01/2019 à 13h32, mis à jour le 04/01/2019 à 13h34