L’Egypte, jadis considérée comme le pays le plus touché du monde par l’hépatite C au monde, est devenue, en l’espace d’une décennie, la référence mondiale en matière de lutte contre cette maladie.
Après ses succès obtenus dans la lutte contre l’hépatite C, le pays s’engage à apporter sa contribution au combat contre cette maladie, qui continue de faire des ravages dans de nombreux pays africains. La ministre égytienne de la Santé, Hala Zayed, l'a elle-même annoncé, en dévoilant l’initiative égyptienne en faveur des Africains souffrant d’hépatite C, lors d’une réunion avec des membres de la Commission des Affaires africaines du parlement égyptien.
Pour son plan visant à éradiquer cette maladie contagieuse en Afrique, l’Egypte, dont le président Abdel Fattah al-Sissi prend la tête de l’Union Africaine en février prochain, compte accorder une priorité aux pays du bassin du Nil (une dizaine de pays bordés par le mythique fleuve à l'origine de la civilisation égyptienne), dans lesquels on compte environ 3,7 millions de personnes atteintes de l’hépatite C, ce qui représente 30% du nombre total de personnes infectées par cette maladie en Afrique.
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L’Egypte compte soutenir les pays de la région et enverra des médecins, aussi bien issus des hôpitaux publics que du secteur privé, pour soutenir les pays de la région, et pour aider, in fine, à traiter 1 million de personnes infectées.
A l'occasion de cette réunion, la ministre égyptienne a également rappelé que son pays fournit des traitement contre l’hépatite C pour 50 à 120 dollars US par patient, alors que le coût du traitement est compris entre 28.000 et 80.000 dollars US dans le monde.
Et pour assurer le succès de cette importante initiative, l’Egypte compte s’appuyer sur un soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour couvrir l'important coût du traitement soignant l'hépatite C dans les pays africains.
Durant longtemps, l’Egypte a abrité le niveau de prévalence de l’hépatite C le plus élevé au monde. Cette situation est due à un programme national de vaccinations massives, effectué avec des seringues non stérilisées dans les années 1950.
Il faut souligner que 20% des malades atteints par ce virus transmissible par le sang, qui peut entrainer, à terme, un cancer du foie et une cirrhose, se rétablissent sans avoir besoin de traitement, mais 80% des malades atteints par cette maladie peuvent être infectés plus de 30 ans sans symptômes.
Pratiquement toutes les familles égyptiennes étaient trouvées touchées par la maladie. En 2008, près de 10% de la population égyptienne était touchée et la maladie provoquait environ 50.000 morts par an, jusqu’au début de l'année 2010.
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Après avoir négocié le prix de cet onéreux traitement, estimé à 84.000 dollars (un seul comprimé coûte 1.000 dollars), l’Egypte est passée à une nouvelle phase dans sa lutte contre la maladie en 2015, en produisant le médicament sur son sol même, réduisant ainsi fortement le prix du traitement à 1.485 livres égyptiennes (autour de 70 euros actuellement). Ce qui a fait de l’Egypte la destination mondiale pour des patients en quête de traitement de l’hépatite C.
Après avoir très fortement réduit le nombre de personnes atteintes par la maladie, le président Abdel Fatah al-Sissi, a lancé, en octobre 2018, la campagne «100 millions de Seha». Un programme visant à diagnostiquer et à traiter gratuitement les citoyens égyptiens infectés par des maladies chroniques, dont le diabète, l’hépatite C, etc. Dans le cadre de ce programme, 27 millions d’égyptiens ont déjà pu bénéficier d'examens pour le dépistage de l’hépatite C.
Grâce à ce traitement et à l’initiative «100 millions de Seha», l’Egypte compte éradiquer l’hépatite C d’ici fin 2020, et entend donc faire profiter le continent africain de son expertise. cette initiative permettra, par la même occasion, l’expansion du secteur de la santé égyptien en Afrique.