«Ne laisser personne de côté» est le thème qui a sous-tendu la célébration de la 27e Journée mondiale de l’eau, ce vendredi 22 mars 2019 au Cameroun. Un pays où près de 9 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Les disparités existent en fonction des régions, même si la situation est davantage accrue en zones rurales.
La région du Nord paie ainsi le plus lourd tribut avec 80% de la population n’ayant pas accès au précieux liquide, selon l’ONG African Center for Advocacy (ACA). Même Yaoundé, la capitale, n’est pas épargnée. Ici, les coupures d’eau sont devenues le lot quotidien des ménages. Et quand l’eau sort du mur, sa qualité est le plus souvent décriée.
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Dans certains quartiers, les robinets sont à sec depuis fort longtemps. Conséquence : les populations ont dû opter pour le système D pour s’en procurer, dans une ville où le déficit est estimé entre 300.000 et 400.000 mètres cubes d’eau par jour.
«69% des ménages de Yaoundé subissent au moins quatre fois les coupures d’eau par mois; coupures périodiques et chroniques poussant les ménages à s’alimenter en eau souterraine: les puits (35,9%), les sources non aménagées (5,6%) et les sources aménagées (46,6%)», révèle ACA. Une situation qui expose à de nombreuses maladies hydriques, la population à risque étant notamment les enfants. Ces menaces sont amplifiées en période de conflit, souligne le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).
Forages
«En l’absence de services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène sûrs et efficaces, les enfants risquent d’être victimes de malnutrition et de contracter des maladies évitables, dont la diarrhée, la typhoïde, le choléra et la polio», indique l’UNICEF dans un rapport publié le 22 mars dernier, et intitulé «L’eau sous le feu des bombes».
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Le rapport a examiné les taux de mortalité dans 16 pays touchés par un conflit prolongé, dont le Cameroun -qui vit une crise sécuritaire dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest- et conclu que les enfants de moins de 15 ans sont, en moyenne, près de trois fois plus susceptibles de mourir d’une maladie diarrhéique provoquée par un manque d’eau salubre, d’assainissement et d’hygiène que des effets directs de la violence.
«L’eau est un droit fondamental. Sans eau, il est impossible de survivre», affirme la directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore. En 2010, l’ONU a reconnu que «le droit à l'eau potable et à l'assainissement est un droit de l'homme, essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l'exercice de tous les droits de l'Homme».
Le droit de l'homme à l'eau signifie que chacun, sans discrimination, «a le droit à un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d'une eau potable et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques, qu'il s'agisse de boisson, d'assainissement individuel, de lavage de linge, de préparation des aliments ou d'hygiène personnelle et domestique», rapporte l’ONU sur son site Internet.
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Au Cameroun, les pouvoir publics multiplient les efforts pour améliorer la desserte en eau potable. En milieu rural, la réforme dans ce secteur a permis le transfert aux municipalités de ressources liées à la réalisation des forages et des adductions d’eau potable, dans le cadre du processus de décentralisation en cours. Plusieurs projets visant à résorber le déficit actuel ont également été lancés dans plusieurs villes du pays.
En 2015, le gouvernement camerounais a signé avec la Société générale de France et la Société import-export des Etats-Unis, deux conventions de financement d’un montant total de 36,110 milliards francs CFA dédiés au projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs. Ce projet devrait accroitre la production en eau à Yaoundé à 300.000 mètres cubes par jour.