Cameroun: recrudescence du trafic d'ossements humains

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Le 18/04/2019 à 10h59, mis à jour le 18/04/2019 à 11h15

Alors que les arrestations de trafiquants se multiplient, ces ossements seraient prisés pour des pratiques mystiques pouvant conférer gloire et puissance.

Le weekend dernier, des profanateurs de tombes ont été interpellés par les forces de maintien de l'ordre à Batouri, dans la région de l'Est. Six suspects ont été mis aux arrêts par les éléments de la brigade territoriale de gendarmerie alors qu'elles s'apprêtaient à livrer un squelette humain à un client... Pour un montant d'environ 10 millions de francs CFA.

Un événement qui fait écho à la profanation et l'exhumation de tombes dans le cimetière musulman de Mandjou, toujours dans l'Est du pays. «Nous avons prescrit que désormais, les tombes soient plus profondes pour que les corps soient à l'abri des exhumeurs et que les cimetières soient gardés par des vigiles», déclare le sous-préfet de la localité.

Les sépultures des musulmans, peu profondes, sont particulièrement ciblées par ces marchands d'un autre genre. Fin 2018, à quelques kilomètres de là, dans la ville forestière de Yokadouma, un groupe de cinq personnes avaient aussi été interpellés avec des ossements humains.

Rebelote à Bertoua, la capitale régionale de l’Est et à Mandjou début 2019, où des trafiquants ont été rattrapés in extremis dans des agences de voyage alors qu'ils tentaient de quitter la région. Autant d’événements qui illustrent à souhait la recrudescence du trafic des ossements humains dans le pays, et spécifiquement à l'Est, région frontalière de la République centrafricaine (RCA).

Les prix peuvent s'envoler parfois bien au-delà des 10 millions de francs CFA évoqués plus haut.

Des événements du reste au centre de la réunion de coordination administrative et des opérations de maintien de l'ordre à Bertoua il y a quelques jours.

Si ce commerce choque les mœurs, les ossements humains seraient utilisés pour des pratiques mystiques ou la fabrication de médicaments traditionnels.

Aussi, dans certaines tribus, n'est-il pas rare aujourd'hui de voir des jeunes gens monter la garde autour des tombes durant quelque temps, afin d'empêcher toute profanation.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 18/04/2019 à 10h59, mis à jour le 18/04/2019 à 11h15