Santé publique: le Cameroun s'en va-t-en guerre contre la poliomyélite

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Le 12/06/2019 à 16h20

Les autorités camerounaises ont lancé cette semaine une campagne de riposte contre cette grave maladie, après la confirmation d’un cas de poliovirus de type 2, le mois dernier dans l’Extrême-Nord, le premier depuis 2015. Le pays attendait pourtant sa certification d'éradication de la poliomyélite.

Le Cameroun organise trois tours de journées locales de vaccination de riposte au poliovirus sauvage (PVS), après la confirmation le mois dernier d’un cas de poliomyélite, grave maladie invalidante, à Mada, une localité de la région de l’Extrême-Nord du pays.

Lundi dernier, le 10 juin 2019, le préfet du Logone et Chari, Albert Mekondane Obounou, a lancé la première campagne de vaccination dans les districts de santé de Mada et de Makari.

Cette campagne, qui prend fin ce mercredi, cible la vaccination de 122.225 enfants de 0 à 5 ans, y compris les populations spéciales (réfugiés, nomades, populations des îles, déplacés internes…).

La campagne sera élargie aux districts de santé de Goulfey et de Kousseri lors des prochains tours. Le but est de vacciner les enfants dans les zones les plus à risque afin d’interrompre la circulation du virus dans les 120 jours suivant la notification du cas au pays.

Les stratégies utilisées pendant cette campagne sont le passage des vaccinateurs au cours d'un porte-à-porte, pour l’administration du vaccin oral, la communication de proximité, la vaccination en poste fixe dans les formations sanitaires et les postes fixes temporaires dans les marchés et les lieux de regroupement, la mobilisation sociale à l’aide des mobilisateurs sociaux, des associations, des églises et les mosquées; et des stratégies spéciales à utiliser dans les zones à sécurité comprise.

«Les objectifs clefs de cette campagne sont de vacciner tous les enfants cibles, avoir moins de 5% d’enfants manqués au cours des passages des vaccinateurs et informer au moins 90% de parents», indique le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Cameroun, dans un communiqué publié en début de semaine.

Eradication

Cette campagne fait partie des mesures prises par le gouvernement pour stopper la transmission du virus au sein de la population dans le pays et hors des frontières nationales. Le 15 mai 2019, le Centre Pasteur du Cameroun a isolé un cas de poliovirus de type 2 dans un échantillon environnemental prélevé le 20 avril dernier dans le site de l’hôpital de district de Mada.

Une analyse approfondie, réalisée par la suite au National Institute of Communicable Diseases en Afrique du Sud, a confirmé le 22 mai dernier qu’il s’agissait d’un cas de poliovirus due au Cvdpv2. Ce virus est proche d’un des cas isolés au Nigeria en 2018. C’est le premier cas de la maladie dans le pays depuis 2015.

«Cette situation constitue une urgence de santé publique de portée internationale et un risque élevé de propagation du virus susceptible de compromettre les progrès déjà accomplis dans le processus d’éradication de la poliomyélite», indiquent les autorités.

Cette nouvelle épidémie de la maladie arrive à un moment où le Cameroun est en phase de préparation de la certification d’éradication de la poliomyélite, une maladie provoquée par un virus qui envahit le système nerveux et peut entraîner une paralysie totale en quelques heures, voire la mort.

Rappelons que les derniers cas de poliomyélite dans le pays ont été notifiés en juillet 2014 dans un camp de réfugiés à Ketté, dans la région de l’Est.

La riposte menée par les autorités en charge de la santé, avec l’appui des partenaires, a permis d’aboutir en mars 2015 au retrait du Cameroun de la liste rouge des pays exportateurs de PVS et en avril 2015, à l’annonce de l’arrêt de la circulation de la maladie dans le pays.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 12/06/2019 à 16h20